
Près d’un millier de Gilets jaunes sont descendus dans la rue samedi à Toulouse, où des échauffourées ont eu lieu avec les policiers. Des manifestants ont également défilé à Bordeaux et à Paris.
Alors que des centaines de Gilets jaunes défilaient dans les rues de Toulouse samedi 28 septembre, la police a à plusieurs reprises fait usage de gaz lacrymogènes et d'un canon à eau pour disperser les manifestants.
Le cortège s'est élancé à 14h, comme tous les samedis sans interruption depuis le début du mouvement, derrière une banderole proclamant "Marre de survivre. On veut vivre".
À leur arrivée sur la place du Capitole, où se déroulait une manifestation dédiée aux séniors, les Gilets jaunes ont fait face aux forces de l'ordre, qui ont fait usage à plusieurs reprises de grenades lacrymogènes, noyant la place sous un épais nuage de fumée, et créant des mouvements de panique parmi les badauds.
Aux cris de "Anticapitaliste", un des slogans rituels à Toulouse, les manifestants s'étaient auparavant arrêtés devant un restaurant Mc Donald's, où un parasol a été enflammé, tandis que les vigiles tentaient en vain de baisser le rideau de fer.
Des tags, "Toc Toc Moudenc" (Jean-Luc Moudenc, maire LR de Toulouse), "Nos désirs sont désordre" ont aussi été inscrits sur la façade de l'hôtel de ville.
Les Gilets jaunes ont ensuite repris leur déambulation sur le boulevard longeant le centre historique, où après plusieurs sommations, les forces de l'ordre ont à nouveau tiré des gaz lacrymogènes, puis fait usage du canon à eau pour les disperser.
En fin d'après-midi, des groupes de manifestants sont restés massés sur le boulevard, régulièrement repoussés par la police.
Selon un communiqué de la préfecture, les forces de l'ordre, cibles de "projectiles, d'outrages et d'injures" ont procédé à 5 interpellations.
Aucun blessé n'a été recensé par la préfecture. Toutefois, dans un communiqué, l'Observatoire des pratiques policières (OPP) de Toulouse a fait part d'un "nouveau blessé" parmi ses membres, par les forces de l'ordre.
Les équipes de l'OPP participent à la mission d'observation habituelle des manifestations mise en place depuis le début du mouvement des Gilets jaunes. Mi-septembre, un premier membre de l'OPP avait porté plainte après avoir été blessé, selon ses affirmations, au cours d'une charge de police lors d'une manifestation des Gilets jaunes. La préfecture n'était pas joignable samedi soir.
En chute pendant l'été, avec quelques centaines de manifestants, la mobilisation à Toulouse, un des bastions du mouvement, a repris avec la rentrée, même si elle reste loin de son pic de l'hiver, avec jusqu'à 10 000 manifestants alors dénombrés par la préfecture.
Des Gilets jaunes se joignent aux cortèges à Bordeaux et Paris
À Bordeaux, des Gilets jaunes, pour la plupart sans gilet, ont défilé samedi dans le sillage de la manifestation pour le droit à l'avortement, emmenée par une "batucada [groupe de percussion] féministe".
Ce cortège bigarré a rassemblé 700 personnes et n'a donné lieu à aucun incident ni à interpellation, selon la police.
Les deux causes ne se sont toutefois pas vraiment mélangées : les défenseurs de l'avortement, surtout des femmes, ont mené la marche avec slogans et chants féministes et les Gilets jaunes ont suivi en scandant leurs propres rengaines.
Avant le départ de la manifestation, des Gilets jaunes avaient déversé du colorant dans la fontaine de la place de la Bourse, leur lieu de rendez-vous traditionnel, dont les eaux ont pris une couleur jaune fluo.
À Paris, quelques centaines de Gilets jaunes se sont glissés devant la 21e Techno Parade à Paris, ralentissant le cortège de "teufeurs" dédié cette année à Steve, le jeune homme mort à Nantes lors d'une Fête de la musique marquée par une opération policière controversée.
"Grève, blocage, Macron démission", scandaient les manifestants refusant de quitter leurs gilets jaunes comme leur demandaient les organisateurs de la Techno parade.
"La rue est à tout le monde !", a justifié un Gilet jaune à l'AFP, tandis que d'autres manifestants criaient "Castaner démission".
"Nous n'avons pas invité les Gilets jaunes. On regrette cette récupération", explique Tommy Vaudecrane, président de Technopol, l'association historique de défense des musiques électroniques qui a créé la Techno Parade en 1998 avec le soutien de l'ancien ministre de la Culture Jack Lang.
Avec AFP