De nouvelles manifestations contre le président Abdel Fattah al-Sissi, accusé de corruption, sont prévues vendredi en Égypte. La présence policière a été considérablement renforcée et les observateurs craignent une répression sanglante.
La crainte d'une féroce repression est vive en Égypte alors que des manifestants comptent une nouvelle fois braver l'interdiction de protester contre le pouvoir, vendredi 27 septembre.
Après les premières manifestations contre le président Abdel Fattah al-Sissi le 20 septembre, la présence policière a été ostensiblement renforcée dans toutes les grandes villes du pays, en particulier sur la place Tahrir au Caire, épicentre de la révolte populaire de 2011 qui chassa le président Hosni Moubarak du pouvoir.
C'est une série de vidéos postées début septembre sur Facebook par un entrepreneur égyptien en exil, Mohamed Aly, qui a poussé des centaines de personnes à manifester il y a une semaine, aux cris de "Sissi dégage", avant d'être dispersées à coups de gaz lacrymogènes. Dans ces vidéos partagées des millions de fois sur internet, Mohamed Aly a accusé le président élu en 2014 et l'armée de corruption.
"Marche du million"
Réagissant sans délai, les autorités ont procédé à l'arrestation d'environ 1 900 personnes, dont des journalistes, des intellectuels et des militants politiques, selon des ONG locales de défense des droits humains. Des arrestations dénoncées par Amnesty International, Human Rights Watch ou The Committee to protect journalists (CPJ).
Après les manifestations du 20 septembre, Mohamed Aly s'est félicité de la mobilisation et a appelé à une "marche du million" ce vendredi. Dans le camp opposé, des manifestations de soutien au président Sissi ont été organisées cette semaine et pourraient avoir lieu de nouveau vendredi.
"Les manifestations à venir devraient certainement rencontrer une résistance ferme", a assuré à l'AFP H.A. Hellyer, membre associé du Royal United Services Institute. Selon lui, Abdel Fattah al-Sissi a clairement fait comprendre par le passé "qu'il a l'intention de rester au pouvoir" et si les manifestations "dépassent un certain point, cela serait destructeur pas seulement pour sa présidence, mais pour le pays en général".
Construction de palais
Dans ses vidéos, Mohamed Aly a affirmé que des millions de livres égyptiennes de fonds publics ont été utilisés dans des projets inutiles et des palais présidentiels. "Mensonges et calomnies", a rétorqué mi-septembre Abdel Fattah al-Sissi, affirmant qu'il construisait des palais non pour lui-même mais pour l'Égypte.
O utre les allégations de corruption, la construction de palais au moment où le gouvernement impose des mesures d'austérité est susceptible de réveiller la colère chez de nombreux Égyptiens affectés par une sévère crise économique.
Avec AFP