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Les Mondiaux d'athlétisme s'ouvrent au Qatar sous une chaleur accablante

Les championnats du monde d’athlétisme ont débuté vendredi au Qatar dans des conditions climatiques extrêmes, notamment pour les coureurs de fond et les marcheurs.

Sacré pari pour la planète athlétisme qui a désormais les yeux rivés sur Doha. La capitale du Qatar accueille à partir de vendredi   27   septembre les Mondiaux d’athlétisme les plus controversés de l’histoire.

Accusations de corruption, manque d’engouement des spectateurs, interrogations concernant la chaleur… En confiant la destinée de sa compétition phare au Qatar, la Fédération internationale   (IAAF) a pris le risque d’avancer dans l’inconnu le plus total, le pays et ses   35 à 40°   C en journée se prêtant difficilement à la pratique du sport en plein air.

"On est pris pour des cobayes   !"

L'IAAF et les organisateurs locaux ont souhaité mettre le paquet pour parer à toute critique après la polémique, alimentée par l’information judiciaire ouverte en France pour soupçons de corruption autour de l’attribution des Mondiaux.

Le président de l’IAAF, Sebastian Coe, se veut rassurant. "Vous êtes assis dans le stade, il fait 38-40  degrés à l'extérieur et il fait 23  degrés dans l'enceinte. En réalité, la gestion de la chaleur sera plus lourde à Tokyo aux   JO-2020 qu'à Doha où les athlètes vont probablement concourir dans des conditions parfaites", a-t-il expliqué, évoquant un procédé "à couper le souffle", un stade semicouvert mais climatisé grâce à une technologie qui sera également utilisée pour la Coupe du monde de football de  2022.

Alors que les Mondiaux d’athlétisme se disputent habituellement en août, l’IAAF a dû repousser de près de deux mois la tenue des Mondiaux   (les températures pouvant grimper, l’été, à 50   °C), entraînant une saison à rallonge pour les athlètes.

À la veille du 50   km marche, épreuve qui concentre les plus vives inquiétudes et qui ne pourra démarrer avant 23   h   30 locales, le champion du monde français, Yohann Diniz, a fait savoir sa colère, vendredi. "On nous prend pour des cons", a-t-il lancé. "Autant dans le stade, on aura des conditions normales, entre   24 et   25   degrés, mais en dehors on nous met dans une fournaise qui n'est pas possible. Là, on est pris pour des cobayes", ajoute-t-il alors que son épreuve se déroulera sous une chaleur accablante et un fort taux d’humidité. "On a eu un questionnaire pour voir comment on allait se comporter face à la chaleur et l'humidité, si on pouvait prendre une capsule pour voir comment on allait réagir face à la thermorégulation", poursuit-il. "Ça me fait chier et je regrette d'être là."

Tickets gratuits pour les enfants et les migrants

Autre inquiétude à l’approche de ces Mondiaux   : le stade Khalifa sera-t-il rempli   ? Selon le Guardian, seuls 50   000   billets ont été vendus pour les dix jours de compétition, pour un stade comprenant 46   000   sièges. Les organisateurs envisageraient de distribuer des tickets gratuits aux enfants et aux migrants pour combler les vides.

Il n'y aura a priori pas la foule des grands soirs pour admirer les exploits des meilleurs athlètes de la planète alors que la discipline se cherche désespérément une star depuis le départ de l'ultramédiatique Usain Bolt en   2017. En l'absence de la "Foudre" jamaïcaine, les États-Unis espèrent récupérer leur domination sur le sprint avec, comme fers de lance, deux jeunes aux dents longues, Christian Coleman   (23   ans, 100   m) et Noah Lyles   (22   ans, 200   m).

Records du monde en grand danger

Si Noah Lyles, devenu cette année le quatrième performeur de l'histoire sur le demi-tour de piste   (19   sec   50), n'aura aucun rival, Coleman devra se battre sur deux fronts   : sur la piste, où il aura le vétéran Justin Gatlin   (37   ans) comme principal adversaire, et en dehors où il devra gérer une pression médiatique intense après avoir été épinglé pour trois manquements à ses obligations de localisation antidopage avant d'être blanchi par l'Agence antidopage américaine.

Au-delà des bolides du sprint, le 400   m   haie hommes et dames, le saut en longueur, la hauteur dames, le triple saut hommes et dames, ou le décathlon pourraient faire des étincelles avec des records du monde en grand danger.

Du côté de la sélection tricolore, il sera en revanche quasi impossible de rééditer la prouesse de   2017   (5   médailles) ou des   JO-2016   (6). Outre Kevin Mayer et Yohann Diniz, les espoirs de podium semblent réduits   (Alexandra Tavernier, Renaud Lavillenie...).

Avec AFP