Un peu partout sur la planète, la jeune activiste suédoise Greta Thunberg a fait des émules. Portraits de ces militants mobilisés sur les cinq continents.
Que Greta Thunberg se console, son action n’est pas vaine. L’activiste suédoise qui a versé des larmes de colère lors d'un virulent plaidoyer, lundi 23 septembre, à la tribune de l’ONU, peut tout de même se réjouir de voir que son exemple a inspiré de nombreux autres enfants dans le monde. Greta Thunberg a en effet fait naître des vocations en Ouganda, en Thaïlande, aux États-Unis, en Suisse et en Pologne. Présentation.
Leah Namugerwa, en Ouganda
La Greta Thunberg ougandaise s’appelle Leah Namugerwa. Originaire du district de Mukono, elle assiste d’abord impuissante et désolée à la déforestation de sa région en raison de l’expansion de Kampala, la capitale ougandaise voisine. Puis inspirée par l’initiatrice suédoise du mouvement Fridays For Future, elle se lance à son tour, à 14 ans, dans un combat pour la planète. Dès lors, elle organise toute seule sa première manifestation pour la défense de l’environnement un vendredi de février, dans une banlieue de Kampala. "Des gens m’ont critiquée. Ils disent qu’à mon âge, le vendredi, je devrais être en cours et pas dans les rues à faire grève, confie l’adolescente. C’est une bonne chose que mes parents m’aient soutenue et encouragée". Le père de Leah, à la tête d’une société de vente de matériaux de construction, l’accompagne régulièrement en voiture pour son action hebdomadaire.
Pour son quinzième anniversaire, la jeune activiste s’est offert un cadeau peu commun : elle a décidé de planter 200 arbres, pour alerter sur les dommages causés à l’environnement dans son pays.
Partageant son temps entre l’école, les manifestations et les discours qu’elle prononce dans les grandes villes, elle est désormais connue dans le pays tout entier. Et sa mobilisation a déjà porté ses fruits : Leah est à l’origine d’une campagne pour inciter la ville de Kampala à interdire l’usage des sacs plastiques.
Semaine internationale pour le climat oblige, Leah a pris part cette semaine aux manifestations mondiales sur le thème de l’urgence climatique. "Notre avenir n’est pas garanti. Les dirigeants actuels ne seront plus là, mais nous, nous le serons et nous souffrirons des conséquences de leur inaction. Nous devons parler maintenant, pas demain."
Ralyn Satidtanasarn, la guerrière thaïlandaise
De son propre aveu, Ralyn Satidtanasarn est une guerrière. Mais que l’on se rassure, la jeune combattante de 12 ans seulement, surnommée Lilly, ne s’en prend qu’au plastique, véritable fléau en Thaïlande. Il faut dire que ce pays du sud-est asiatique est le sixième plus gros contributeur mondial à la pollution des océans. Les sacs plastiques sont omniprésents pour emballer les centaines de milliers de repas servis quotidiennement dans les cantines de rue. Chaque Thaïlandais en utilise en moyenne huit par jour, soit près de 3 000 par an. Douze fois plus qu'un Européen.
Inspirée par Greta Thunberg, la jeune collégienne sèche également les cours tous les vendredis, non pour manifester mais ramasser des détritus en plastique. Sa vocation est née en vacances, en contemplant l’étendue de déchets abandonnés sur la plage. "Au début, je me trouvais trop jeune pour militer, dit-elle, mais Greta m’a donné confiance. Quand les adultes ne font rien, c’est à nous, les enfants, d’agir."
À force de pugnacité, la jeune activiste est parvenue à convaincre une chaîne thaïlandaise de supermarchés de ne plus donner de sacs plastiques à usage unique à ses clients. D’autres groupes de grande distribution ont annoncé qu’ils allaient suivre le mouvement.
L'Américaine Alexandria Villasenor
Au pays de Donald Trump aussi, on se mobilise très jeune. Alexandria Villasenor, 14 ans, a très tôt été sensibilisée à la cause écologiste par sa mère qui travaille sur le climat. Mais c’est en voyant Greta thunberg dans les médias que la jeune Américaine s’est lancée dans les grèves new-yorkaises. Pendant de longues semaines, la collégienne a fait grève seule sur un banc de la Big Apple. Puis d’autres élèves sont venus progressivement grossir les rangs des manifestants.
Alexandria Villasenor livre sa bataille pour le climat au sein d’une orchestration bien huilée. Un responsable média organise les nombreuses demandes d’interviews et les parents veillent également au discours de leur progéniture. La recette américaine fonctionne : ils sont aujourd’hui des centaines à faire l’école buissonnière chaque vendredi pour sauver la planète.
Des émules en Allemagne, Pologne, Suisse, Belgique...
Le continent européen n’est pas en reste. En Allemagne, c’est Luisa Neubauer, 22 ans, étudiante en géographie à Göttingen, qui est à l’initiative des rassemblements de milliers de jeunes. Si la militante refuse d’être présentée comme "la Greta Thunberg allemande", elle n’en demeure pas moins la figure de proue du mouvement Fridays For Future.
C’est d’ailleurs après avoir échangé avec la militante suédoise lors de la conférence sur le climat à Katowice, en Pologne, en décembre 2018, que son engagement a pris un tour médiatique. À l’issue de sa rencontre avec Greta, l’étudiante allemande décide de lancer les vendredis de manifestation en Allemagne. C’est un franc succès. Le 25 janvier, plus de 5 000 jeunes se rassemblent à Berlin. Au même moment, le ministère de l’Économie décide de faire sortir le charbon du mix énergétique du pays. Une première victoire pour la jeune étudiante.
Le 1er mars, Luisa Neubauer se fait à nouveau remarquer en défilant aux côtés de Greta Thunberg lors d’une marche à Hambourg. L’image des deux jeunes militantes en tête de cortège retient l’attention de la chancelière allemande. Lors de son podcast vidéo hebdomadaire, Angela Merkel félicite les jeunes "pour leur engagement en faveur du climat". L’activiste allemande a marqué les esprits.
En Pologne, c’est le nom d’Inga Zasowska qui résonne lorsqu'on évoque la cause environnementaliste emmenée par des adolescents. Âgée d’à peine 13 ans, la militante polonaise s’est illustrée dans son pays en manifestant tous les vendredis du mois de juillet devant le Parlement à Varsovie. Brandissant une pancarte "La grève des vacances pour le climat", la collégienne a obtenu le soutien des parlementaires de l’opposition. Aucune réaction en revanche du côté du parti au pouvoir, Droit et Justice.
Quid de la France ?
Et la liste des jeunes activistes ne s’arrête pas là. Les Suisses sont rassemblés derrière Marie-Claire Graf, 23 ans. En Belgique, c’est Youna Marette, 17 ans, ainsi qu’Anuna De Wever et Adélaïde Charlier qui font bouger les jeunes. Et en France, citons le nom de la Bordelaise Iris Duquesne, 16 ans, d’ailleurs présente au sommet de New York aux côtés de Greta Thunberg, ou celui de Côme Girschig, 24 ans, désigné comme représentant de la France au sommet de la jeunesse pour le climat.
Rien d’étonnant à ce qu’autant de jeunes se mobilisent pour le climat, assure-t-on du côté des organisations environnementales. "Le réchauffement climatique, la pollution sont devenus en quelques mois des vrais sujets d’inquiétude chez les jeunes, résume Anaïs Darenes, responsable de la communication projet et plaidoyer du Refedd (Réseau français des étudiants pour le développement durable), dans un entretien à France 24. Ils sont de plus en plus angoissés à ce sujet."