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Un ancien SS impliqué dans un massacre en France meurt avant son procès

Il devait comparaître prochainement en Allemagne pour incitation à la haine raciale et atteinte à la mémoire des morts. L'ancien SS Karl Münter, impliqué dans le massacre en France de 86 civils à Acsq en 1944, est mort avant d'avoir été jugé.

"La mort de Karl Münter, ça veut dire que la justice ne va pas être rendue", se désole Marguerite-Marie Béghin, la fille aînée d'un des 86 civils à avoir été massacrés à Ascq, dans le nord de la France, en 1944.

Karl Münter, ancien SS de 96 ans, menacé de comparaître prochainement en Allemagne pour avoir cautionné ce massacre nazi et tenu des propos négationnistes sur l'Holocauste en 2018, vient de mourir, a déclaré dimanche 22 septembre le parquet chargé des poursuites. "La procédure engagée contre lui est du coup éteinte", a ajouté la justice allemande.

Cet ancien SS venait tout juste d'être mis en accusation en vue d'un procès pour incitation à la haine raciale et atteinte à la mémoire des morts.

"Ce procès, nous ne l'attendions pas dans un esprit de vengeance mais il devait nous permettre de nous exprimer, de témoigner, de parler de nos victimes et de notre souffrance", a réagi Marguerite-Marie Béghin.

Âgée de sept ans et demi au moment des faits, elle dit "se réveiller encore tous les matins en pensant au massacre". "J'estime que la transmission, c'est quelque chose d'important, il faut que ce crime ne tombe pas dans l'oubli".

Des propos récents minimisant la Shoah

Karl Münter était également poursuivi pour des propos tenus fin 2018 sur la chaîne de télévision publique ARD.

Il y avait notamment assuré que le chiffre de six millions de juifs assassinés par les nazis était exagéré. "J'ai lu récemment quelque part que ce chiffre était faux, je n'y crois plus à tout cela", affirmait-il.

L'ancien SS avait aussi cautionné le massacre des 86 civils à Ascq. Interrogé par ARD pour savoir s'il regrettait ces évènements, l'intéressé, affirmant n'avoir pas directement participé à la tuerie mais avoir surveillé les personnes arrêtées, avait répondu : "Non pas du tout ! Pourquoi devrais-je regretter ?".

"Si j'arrête des gens, je suis responsable d'eux. Et s'ils tentent de fuir, j'ai le droit de tirer sur eux", avait-il ajouté.

Considéré comme un "héros" par les néo-nazis

Le massacre avait été commis dans la nuit du 1er au 2 avril 1944, en représailles au déraillement d'un train transportant environ 350 SS. Le procès qui devait se dérouler en Allemagne, sous réserve de l'état de santé de l'accusé, était une revanche pour les descendants des victimes. Car la justice allemande avait, en mars 2018, abandonné des poursuites pour son rôle direct en 1944, arguant du fait que l'intéressé avait déjà été condamné par un tribunal militaire en France en 1949 et qu'il ne pouvait être jugé une seconde fois.

Karl Münter n'a en Allemagne jamais vu cette peine exécutée et a pu poursuivre sa vie, travaillant à la poste.

Jusqu'au bout, il a gardé des sympathies pour l'idéologie nazie. Selon ARD, il a participé en novembre 2018 à une réunion du parti néonazi allemand NPD en Thuringe, pour y parler en tant que "témoin de l'époque" et dédicacer des photos de lui. Il était considéré comme un "héros" au sein de cette mouvance, selon la chaîne allemande.

Avec AFP