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Le plastique biodégradable, une fausse promesse ?

Face à l'omniprésence du plastique, certains tentent d'en réduire leur consommation. L'option du plastique biodégradable est aussi tentante – et nous donne bonne conscience. Qui ne ferait pas un geste pour la planète ? Mais ce plastique est-il vraiment ce qu'il prétend ? Une matière qui se désintègre comme par magie, dans la nature ? Pas du tout, comme le montre une expérience, menée par des chercheurs de l'université de Plymouth, en Angleterre.

Ils ont enfoui quatre sacs présentés comme ayant des propriétés biodégradables et un sac en plastique traditionnel, dans la mer, sous terre ou laissé à l’air libre. Au bout de trois ans, certains étaient quasi intacts, souvent assez costauds pour porter des courses.

En théorie, tout est dégradable. Un briquet se décompose en 100   ans, une couche jetable en 500   ans, tout comme un bon vieux sac plastique. C’est juste une question de temps.

Mais le plastique biodégradable est un type de plastique particulier, créé pour se dégrader plus rapidement . Pour que ça marche, il faut des conditions particulières liées à l' oxygène, à l'eau et aux bactéries.

Souvent, dans une décharge, là où finissent les sacs biodégradables, ces conditions ne sont pas réunies. Ces sacs vont se dégrader oui, mais cela va prendre très longtemps.

Biodégradable, mais pas recyclable

De plus, le biodégradable, ça ne se recycle pas, comme nous l’explique Nicolas Garnier, délégué général de l'association de collectivités Amorce   : " Ce que les gens n’ont pas compris, c’est que biodégradable ne veut absolument pas dire recyclable, c’est même le contraire. On confond les genres. En réalité, un sac plastique biodégradable, on ne peut pas le recycler, il va falloir l’éliminer soit dans une usine d’incinération ou dans un centre de stockage. D’un point de vue environnemental, cette notion de biodégradabilité est très discutable".

Par ailleurs, il n’existe pas de norme unanimement acceptée pour le biodégradable.

La seule norme fiable, c’est le sac plastique compostable, ces sacs en fécule de pomme de terre, algues, amidon de maïs… On les reconnaît aux logos OK compost, ce qui en théorie signifie un sac dégradé à 90   % en moins de six mois – toujours dans des conditions précises   : humidité, 60 à 90   °C e n température.

Mais cela ne fonctionne que si quelqu’un vient collecter vos épluchures de carottes, vos coquilles d'œufs ou votre sac compostable. En Europe, très peu de pays ont une collecte de biodéchets. Un pays est en avance   : l’Italie, où un habitant sur deux voit ses déchets alimentaires collectés. À Milan, en moins de deux ans, la deuxième ville d’Italie est devenue la plus grande d'Europe à avoir mis en place le système. Aujourd’hui, plus de 85   % des déchets alimentaires sont collectés.

Mais la solution au drame du plastique est-elle vraiment un nouveau type de plastique, même compostable   ? Notre invitée, Laura Châtel, de Zero Waste France répond à nos questions.