Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés s'est dit "inquiet", mardi, à la suite de l'adoption par le Parlement italien d'une loi plus répressive contre les ONG qui sauvent des migrants en Méditerranée.
"Une décision inquiétante." Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a réagi, mardi 6 août, à l’adoption par le Parlement italien d’une loi plus répressive contre les ONG qui sauvent des migrants en Méditerranée.
Le texte, adopté par la Chambre des députés et le Sénat (par 160 voix contre 57), accorde au ministre de l’Intérieur Matteo Salvini des pouvoirs élargis pour interdire les eaux territoriales aux navires ayant secouru des migrants, confisquer les bateaux des ONG et imposer à leurs commandants des amendes pouvant aller jusqu’à un million d’euros (contre 50 000 euros auparavant).
Cette nouvelle loi doit encore être ratifiée par le président italien, Sergio Mattarella.
"Un rôle inestimable"
La Commission européenne a annoncé son intention "d’analyser" cette nouvelle législation italienne afin de "vérifier sa compatibilité avec le droit européen", a précisé un porte-parole.
"Imposer des amendes ou d'autres pénalités aux commandants risque de dissuader ou d'empêcher des navires privés de mener des activités de secours en mer au moment où les États européens se sont pratiquement désengagés des efforts de sauvetage en Méditerranée centrale", a déclaré le HCR.
Pour l’agence de l’ONU, les ONG "jouent un rôle inestimable" dans le sauvetage des réfugiés et des migrants qui tentent de traverser la mer pour rejoindre les côtes européennes. "L'engagement et l'humanité qui les motivent ne doivent pas être criminalisés ou stigmatisés", a-t-elle estimé.
En juin 2019, le navire humanitaire Sea Watch, dirigé par Carola Rackete, avait été saisi à son entrée sans autorisation dans le port sicilien de Lampedusa. L'assignation à résidence de la capitaine allemande avait par la suite été levée par la justice, malgré les protestations de Matteo Salvini.
Route maritime la plus meurtrière au monde
Le HCR a rappelé son opposition à ce que les migrants secourus soient ramenés en Libye, "qui n'est pas un endroit sûr". Au contraire, il appelle les États européens à se mettre d'accord pour les accueillir.
Lors d’une réunion en juillet à Helsinki, les ministres de l'Intérieur de l'Union européenne n’étaient toutefois pas parvenus à s'entendre sur un tel "mécanisme de solidarité".
La Méditerranée est devenue la route maritime la plus meurtrière au monde. Selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), 840 personnes y ont disparu depuis le début de l'année, dont 576 en Méditerranée centrale.
Avec AFP