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Levée de l'immunité de l'ambassadeur du Vatican en France, soupçonné d'agression sexuelle

À la demande de la France, le Saint-Siège a accepté de lever l'immunité du nonce apostolique, Luigi Ventura. En poste depuis 2009 à Paris, ce diplomate de carrière du Vatican est accusé d'agression sexuelle par quatre hommes.

Le Quai d'Orsay l'avait demandé, le Vatican a fini par obtempérer.  Lundi 8 juillet, le ministère français des Affaires étrangères a annoncé la levée de l'immunité du représentant du pape en France, Luigi Ventura, qui est visé par une enquête du parquet de Paris pour agressions sexuelles.

Le parquet de Paris avait formulé sa demande en mars, à la suite des plaintes de quatre hommes.

L'enquête a débuté le 24 janvier après une première plainte déposée par un homme accusant le nonce apostolique, âgé de 74 ans, d'avoir commis des attouchements sur lui, quelques jours auparavant, lors d'une cérémonie officielle à l'Hôtel de ville de Paris.

Des "mains aux fesses" en pleine cérémonie

La mairie de Paris avait signalé au parquet qu'un jeune cadre municipal s'était plaint d'attouchements répétés du nonce apostolique - des "mains aux fesses" - lors d'une cérémonie des vœux aux autorités diplomatiques en janvier.

Deux autres plaignants s'étaient ensuite manifestés et avaient relaté des faits similaires en 2018. La deuxième victime, un ancien agent de la ville a relaté avoir été victime du prélat "lors de la même cérémonie de vœux, mais un an plus tôt". L'ancien agent, qui travaillait alors à la Direction de la communication (de la Ville de Paris, NDLR) "a fait l'objet des mêmes agissements" que ceux dénoncés par la première victime.

"Je me trouvais au premier rang, à deux mètres d'Anne Hidalgo, quand est arrivée une personne à ma gauche. Occupé à travailler, je ne me suis pas retourné. Il a posé sa main gauche sur mon épaule et avec sa main droite, il m'a pris les fesses   : un geste d'expert, plein d'assurance, couplé avec un grand sourire décontracté, comme s'il s'agissait de quelque chose de normal. J'étais stupéfait, la cérémonie était en cours, je suis parti", avait raconté cette personne, sous couvert d'anonymat, dans le journal Le Monde en février 2019.

Une quatrième plainte a également été déposée par un autre homme.

Levée de l’immunité pour être entendu sous contrainte

Diplomate de carrière du Vatican, Mgr Ventura occupe le poste de nonce apostolique depuis 2009 à Paris. Il est chargé des relations du Saint-Siège avec les autorités françaises d'une part et avec les évêques de France d'autre part, pour lesquels il participe au processus de nomination. Compte tenu de ses fonctions, il bénéficiait de l'immunité diplomatique et ne pouvait être entendu sous contrainte par les enquêteurs.

Interrogé à ce sujet, un responsable du bureau de presse du Saint-Siège, Alessandro Gisotti, a confirmé l'information. "Il s'agit d'une mesure extraordinaire qui confirme la volonté exprimée par le nonce lui-même dès le début de cette affaire de collaborer pleinement et spontanément avec les autorités judiciaires françaises compétentes", a-t-il ajouté.

"Avant de prendre cette décision, le Saint-Siège a attendu la conclusion, annoncée fin juin, de la phase préliminaire de la procédure à laquelle Mgr Ventura a librement participé", a aussi précisé Alessandro Gisotti.

Avec AFP et Reuters