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Les séismes en Californie font ressurgir la peur du "Big One"

Un séisme de magnitude 7,1 a secoué le sud de la Californie vendredi, le deuxième de grande ampleur à frapper la zone en deux jours, après un premier de magnitude 6,4 jeudi. De quoi raviver leurs craintes d’une secousse particulièrement dévastatrice.

Inévitable. Les Californiens le savent et tentent de s’y préparer : un jour ou l'autre, un séisme majeur et potentiellement dévastateur frappera le "Golden State". Communément surnommé le "Big One" aux États-Unis, il devrait selon les experts en sismologie, se produire dans les prochaines décennies. "Nous savons qu'un grand tremblement de terre va se produire, mais pas précisément quand ni où", rappelle fréquemment l'agence fédérale géologique américaine USGS (US Geological Survey).

Le séisme de magnitude 6,4 sur l’échelle de Richter qui a secoué le 4 juillet le sud de la Californie, à environ 240 km au nord-est de Los Angeles, a immanquablement ravivé le spectre du "Big One" promis. Ressenti dans un vaste périmètre, ce séisme, qui a fait quelques "blessés légers" mais pas de dégâts majeurs, est le plus puissant à frapper cet État, le plus peuplé des États-Unis, depuis 1999. Selon Lucy Jones, sismologue à l'USGS, plus de 80 répliques ont frappé la région dans les heures qui ont suivi la secousse initiale.

The aftershocks to the #SearlesValley earthquake show that two faults are involved. One strikes northwest and the other northeast. You can see the aftershocks at https://t.co/BwTOi7AGG2 pic.twitter.com/gkDzPh4I9G

  Dr. Lucy Jones (@DrLucyJones) 4 juillet 2019

Depuis le 25 mai, plus de 1 050 tremblements de terre de faible intensité, le plus fort ne dépassant pas la magnitude de 3,2, ont été enregistrés en Californie. Une vague qui a été baptisée "swarmageddon" – déferlement du siècle – par les médias américains, certains y voyant même un prélude annonciateur "du séisme des séismes". Ce phénomène est toutefois assez fréquent dans le sud de la Californie : en septembre 2016, une centaine de secousses avait remué Bombay Beach au sud-est de Los Angeles.

Selon une étude, Third Uniform California Earthquake Rupture Forecast (UCERF3), publiée en 2015 par l’USGS, la probabilité qu'un tremblement de terre de magnitude 8 ou plus se produise dans les trente ans en Californie s’élève à 7 %, contre 4,3 % dans la précédente évaluation dévoilée en 2008 (UCERF2).

La faille de San Andreas, cauchemar des Californiens

L’agence fédérale a été jusqu’à évoquer un scénario catastrophe dans lequel la faille de San Andreas, la plus importante et la plus surveillée des quelque 300 qui quadrillent la région, fruit des frictions des plaques tectoniques pacifique et nord-américaine, et qui parcourt le sous-sol californien sur 1 300 kilomètres, se romprait sur 320 km de long dans le sens Sud-Nord. Cette faille qui a donné son nom à un film apocalyptique hollywoodien, est à l’origine du tremblement de terre de 7,8 sur l’échelle de Richter qui a dévasté San Francisco en 1906, tuant 3 000 personnes et détruisant près de 28 000 bâtiments, et laissé près de 300 000 habitants sans abri.

Selon la simulation, un séisme de même magnitude que celui de 1906 ferait 1 800 morts, 53 000 blessés et 213 milliards de dollars de dégâts. "Nous savons que les forces tectoniques resserrent de façon continuelle les ressorts du système de failles de San Andreas, ce qui rend inévitable la survenue d'un puissant séisme", a expliqué Tom Jordan, un des principaux auteurs de l’étude UCERF3. Certains experts estiment que la faille de San Andreas connaît un regain d'intensité tous les 150 ans environ. Or son dernier mouvement majeur remonte à 1857...

Le 19 octobre 1989, les Californiens avaient bien cru que l'heure du "Big One" avait sonné, après qu’un séisme de magnitude 6,9 eut frappé San Francisco, la deuxième ville la plus densément peuplée du pays. En quinze secondes, il fait 67 victimes, plus de 3 000 blessés et 20 milliards de dollars de dommages, au point de constituer l'une des catastrophes naturelles les plus coûteuses de l'histoire des États-Unis.

Depuis cet épisode meurtrier, même si elles savent qu’elles seront débordées le jour venu, les autorités locales sont pleinement mobilisées (simulations, investissements massifs, mises aux normes, programme de formation et de prévention, systèmes d’alerte), tandis que les habitants, qui vivent dans l’État le plus riche des États-Unis mais aussi le plus exposé aux risques sismiques, se prépar ent au pire.