Les autorités vénézuéliennes ont inculpé, lundi, deux agents des services du renseignement suspectés d'être responsables de la mort d'un officier de l'armée. Selon l'opposition, il a été torturé durant sa détention.
La justice vénézuélienne a ordonné, lundi 1er juillet, l'incarcération de deux militaires pour leur "responsabilité présumée" dans la mort du capitaine de corvette Rafael Acosta Arevalo, qui était en détention.
Bien qu'en fonction à la Direction générale du contre-espionnage militaire (DGCIM), les deux hommes de 22 et 23 ans ont été présentés à un tribunal civil de Caracas qui a ordonné leur arrestation, a précisé sur Twitter le procureur général Tarek William Saab, un proche du président Nicolas Maduro. Le lieutenant Ascanio Antonio Tarascio et le sergent Estiben Zarate sont depuis détenus au siège du contre-espionnage militaire, à Caracas.
Le gouvernement chaviste accusait l'officier Acosta, avec douze autres personnes, d'être impliqué dans une tentative de coup d'État contre Nicolas Maduro. Ce "putsch" aurait dû avoir lieu les 23 et 24 juin et prévoyait l'assassinat du président et de plusieurs hauts responsables, selon le gouvernement vénézuélien.
De "graves signes de torture"
Le procureur général n'a pas évoqué les accusations de "torture" sur le capitaine Acosta pendant sa détention. Des critiques qui ont été soulevées par le chef de l'opposition Juan Guaido - reconnu comme président par intérim par une cinquantaine de pays - mais aussi le département d'État américain pour qui cette mort résulte d'un "acte de barbarie de Maduro".
Selon des défenseurs des droits humains, le capitaine Acosta a comparu vendredi devant la justice en fauteuil roulant et il présentait de "graves signes de torture". Transféré dans un hôpital militaire, il est mort samedi. Un avocat de la famille Acosta a déclaré, dans un entretien téléphonique, que cette affaire concernait l'armée vénézuélienne dans son ensemble pour son recours récurrent à la torture.
La Haut-Commissaire aux droits de l'Homme des Nations unies (ONU), Michelle Bachelet, a déclaré, dans un communiqué, qu'inculper des individus n'était pas suffisant mais qu'il fallait que des représentants de haut rang soient tenus pour responsables. Elle a exhorté "les autorités à mener une enquête approfondie - y compris une autopsie conforme aux normes internationales - à la fois indépendante et transparente".
Des pourparlers bloqués
Après cette tragédie, Juan Guaido a appelé les Vénézuéliens à manifester à l'occasion de la Fête nationale le 5 juillet pour "exiger la fin des tortures et des assassinats", perpétrés selon lui par le gouvernement. À Caracas, les manifestants sont invités à rallier le siège du contre-espionnage militaire, "parce que, nom d'un chien, c'est le centre de torture par excellence en ce moment au Venezuela !", s'est exclamée la députée d'opposition Delsa Solorzano, lors d'une conférence de presse. Le camp présidentiel a, lui, prévu un défilé militaire présidé par Nicolas Maduro.
La mort du capitaine de corvette Acosta crispe encore un peu plus les relations entre opposition et pouvoir, au moment où les pourparlers entre les deux parties auraient dû reprendre. Après deux rounds infructueux en mai sous les auspices de la Norvège, Nicolas Maduro a en effet expliqué la semaine dernière que le dialogue allait "continuer", sans toutefois préciser de calendrier ou d'ordre du jour. Mais depuis l'annonce de la mort du militaire en détention, ni lui, ni Juan Guaido n'ont évoqué la reprise de ces pourparlers.
Avec AFP et Reuters