
Début août 2014, le groupe État Islamique lance une offensive sur la région du Sinjar par l'ouest de l'Irak. En quelques heures, les jihadistes s'emparent de la ville principale puis des villages environnants. Ils s'en prennent aux Yazidis, qu'ils considèrent comme des hérétiques. Si les jihadistes ont depuis été chassés, nombre de Yazidis sont toujours portés disparus. Les survivants tentent de reconstruire leur vie à Sinjar, hantés par les souvenirs et les deuils.
La région montagneuse du Sinjar est le berceau de la communauté yazidie, une minorité religieuse dont les croyances sont antérieures à l'islam. C'est aussi le lieu d'un véritable massacre perpétré par l'organisation État islamique en 2014. Cinq ans après, France 24 s'est rendu sur place.
Dès leur arrivée à l'été 2014, les jihadistes exécutent systématiquement les hommes. Des milliers de femmes et d'enfants sont enlevés. Les femmes et les jeunes filles sont réduites en esclaves sexuelles. Les jeunes garçons sont enrôlés comme enfants-soldats et convertis de force à l'islam. Ceux qui parviennent à s'échapper trouvent refuge dans la montagne, à bout de forces, sans eau, ni nourriture.
Le vivre-ensemble brisé
Nos reporters ont retrouvé les membres d'une famille déchirée en quelques minutes, le temps qu'il aura fallu aux jihadistes pour garer leurs voitures devant leur maison, enlever les femmes et assassiner les hommes. Notre équipe s'est entretenue avec le frère de Nadia Murad, jeune femme yazidie prix Nobel de la paix 2018. Il n'a jamais quitté le lieu du massacre auquel il a miraculeusement échappé.
Ce reportage raconte le quotidien de ces survivants, hantés par leurs souvenirs. Beaucoup sont encore à la recherche de leurs proches, toujours aux mains des jihadistes en Syrie et en Irak. Plusieurs milliers de rescapés sont sans ressources et n'ont pas toujours pas quitté les camp de réfugiés. C'est aussi l'histoire d'une région où le vivre-ensemble entre les différentes communautés s'est brisé sous le joug jihadiste.