Avec 7 000 manifestants sur l'ensemble de l'Hexagone, samedi, la participation des Gilets jaunes est en nette baisse. Si quelques heurts ont éclaté à Toulouse, les manifestations se sont faites dans le calme à Paris et à Bordeaux.
Le mouvement des Gilets jaunes a faiblement mobilisé, samedi 15 juin, pour l'acte XXXI. Près d'un millier de manifestants étaient toutefois présents à Paris et à Toulouse où le cortège a été dispersé par les forces de l'ordre quelques minutes après son départ.
Au total, ils étaient quelque 7 000 manifestants sur l’ensemble du territoire, selon le ministère de l'Intérieur (contre 10 300 la semaine dernière, et 9 500 la précédente). L’acte XXXI marque ainsi la plus faible mobilisation nationale enregistrée depuis le début du mouvement, le 17 novembre dernier (280 000 personnes avaient alors défilé dans les rues du pays), bien que les Gilets jaunes contestent les chiffres officiels.
Toulouse, "capitale du mouvement"
Comme pour l'acte XXX à Montpellier, un appel avait été lancé sur les réseaux sociaux pour faire de Toulouse la "capitale" nationale du mouvement.
Plus d'un millier de personnes – "plusieurs centaines" selon la préfecture – se sont ainsi mises à défiler au cri des slogans habituels anti-Macron. La tension est rapidement montée quand, selon plusieurs Gilets jaunes, les forces de l'ordre les ont chargés pour confisquer les banderoles.
"On avançait joyeusement, on chantait, et d'un coup : des dizaines de policiers se sont rués sur nous, arrachant les banderoles et matraquant les manifestants en tête du cortège", raconte Bastien, l’un des manifestants, les yeux rougis.
Le cortège s’est alors dispersé sous un épais nuage de gaz lacrymogènes en quelques secondes. Dès lors, scindés en plusieurs petits groupes, les manifestants ont joué tout l'après-midi au chat et à la souris avec les forces de l'ordre. Celles-ci ont d’ailleurs eu massivement recours au canon à eau et aux gaz lacrymogènes.
"Qu'est-ce qu'ils nous veulent ? Pourquoi tant de violence ?", s'émeut Mireille, Gilet jaune retraitée, encore essoufflée – elle qui se tient avec une canne – d'avoir couru pour se mettre à l'abri.
La préfecture a indiqué que deux manifestants avaient été blessés. Dix-sept ont été interpellés, pour jets de projectiles notamment.
Comme depuis plusieurs semaines, la place du Capitole, où doit être retransmise dans la soirée sur écran géant la finale du Top 14 entre le stade Toulousain et l'ASM Clermont Auvergne, était interdite aux "gilets jaunes", avant d’être ouverte aux piétons dès 18h.
950 Gilets jaunes à Paris, 300 à Bordeaux
Ils étaient 950 à défiler, samedi, dans l’est de la capitale, selon le ministère de l’Intérieur.
"Je continue de venir tous les samedis, je ne veux pas abandonner, il faut continuer au moins jusqu'aux municipales pour donner un souffle nouveau", explique Bertrand, 55 ans, venu de Montreuil (Seine-Saint-Denis), tout en admettant une "baisse claire" de la mobilisation.
Une mobilisation qui s’essouffle grandement à Bordeaux également. La ville du sud-ouest, qui fut pourtant un des bastions du mouvement a vu les pavés de son centre-ville battus par environ 300 personnes seulement. La préfecture n’a d’ailleurs fait état que d’une seule interpellation.
Selon Jean-Pierre, 65 ans, retraité de l'Éducation nationale devenu éleveur de chèvres et fabricant de fromages, "nos revendications n'ont pas été satisfaites depuis six mois, c'est pour ça qu'on est toujours là. Les problèmes fondamentaux n'ont pas changé".
Dans le sud-est, la mobilisation était également très faible avec à peine 300 manifestants à Marseille, 300 à Montpellier et seulement une cinquantaine à Nîmes où neuf personnes ont été interpellées pour non-respect du périmètre d'interdiction de manifestation défini par la préfecture.
Selon la préfecture du Nord, une centaine de "gilets jaunes" ont manifesté à Lille, et 500 à Maubeuge où avait lieu le rassemblement régional. À Strasbourg, ils n'étaient qu'une cinquantaine, "en soutien aux soignants [eux-même en grève]".
Avec AFP