logo

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, n'a plus que quelques heures pour former une coalition de gouvernement. S'il n'y parvient pas, les électeurs pourraient devoir voter pour de nouvelles élections.

Les heures sont comptées pour Benjamin Netanyahu. Le Premier ministre n'a en effet plus que quelques heures pour former une nouvelle coalition de gouvernement. S’il échoue, il pourrait renvoyer les Israéliens aux urnes, quelques mois seulement après les dernières élections.

Israël est le théâtre d'un psychodrame politique dont le dénouement pourrait n'être connu qu'à l'ultime minute, à minuit (21 H GMT), quand expirera le délai imparti à Benjamin Netanyahu pour conclure un accord de gouvernement avec ses partenaires de droite.

Or, les discussions menées par Benjamin Netanyahu sont dans l'impasse. Si elles échouent, le président Reuven Rivlin, qui avait confié ce mandat à Benjamin Netanyahu après la victoire de la droite aux législatives du 9 avril, pourrait théoriquement donner sa chance à un autre que lui.

Un scénario inédit

Tout semble indiquer que le Premier ministre, au pouvoir depuis dix ans sans discontinuer, et plus de 13 ans au total, ne le laissera pas faire. C'est rien de moins que la survie de cette figure dominante au point d'en paraître imbattable – mais aujourd'hui menacée d'inculpation pour corruption – qui est en jeu, estiment les analystes politiques.

Pour couper l'herbe sous le pied du président, les alliés de Benjamin Netanyahu pourraient voter avant l'échéance de minuit une loi de dissolution du Parlement, la Knesset, 50 jours après son élection.

Les Israéliens retourneraient alors voter, a priori entre fin août et septembre. Ce serait une première dans l'histoire d'Israël, et les ennuis judiciaires du Premier ministre en seraient largement considérés comme un facteur primordial.

En l'état, l'issue de la crise demeure totalement incertaine. Israël et Benjamin Netanyahu sont coutumiers des accords de dernière minute. En 2015 déjà, le Premier ministre était parvenu in extremis à ses fins.

Benjamin Netanyahu cherche à rassembler la majorité théorique de 65 sièges de droite (sur 120 au total) sortie des urnes le 9 avril.

Parmi eux : les cinq mandats parlementaires du parti laïc et nationaliste Israël Beitenou et les 16 des deux partis ultra-orthodoxes représentant les quelque 10 % d'Israéliens observant rigoureusement les règles du judaïsme.

Pressions, paranoïa et spéculations

Les négociations sont bloquées par le vieil antagonisme entre Israël Beitenou et les ultra-orthodoxes, autour d'un sujet social qui résiste au temps : l'exemption de service militaire dont bénéficient des dizaines de milliers d'étudiants des écoles talmudiques.

Dans un pays où tous, sauf exception, sont soumis à la conscription, ce régime de faveur est perçu par beaucoup comme une injustice.

Sur ce sujet, Benjamin Netanyahu se heurte à un mur en la personne d'Avigdor Lieberman, chef d'Israël Beitenou, personnalité éminente chez les centaines de milliers d'Israéliens originaires de l'ex-URSS, qui dirigea le bureau du Premier ministre Netanyahu en 1996-97 et était encore son ministre de la Défense en 2018.

Chasse aux sorcières

Lieberman exige pour participer au gouvernement l'engagement que sera votée, telle qu'il l'avait proposée quand il était à la Défense, une loi annulant l'exemption systématique des ultra-orthodoxes.

Il a répété lundi soir sur Facebook qu'il n'avait "pas l'intention de renoncer (aux) principes" du parti.

Le Likoud, parti de Benjamin Netanyahu, l'a désigné comme une cible politique. "Je pensais avoir tout vu en politique mais j'ai été surpris par l'intensité des pressions, de la paranoïa et des spéculations auxquelles j'ai été exposé", a dit Avigdor Lieberman.

Devant son intransigeance, le Likoud a continué à préparer le terrain à la dissolution de la Knesset, augmentant la pression sur les discussions.

L'éventualité que Netanyahu se retire, ouvrant éventuellement la voie à un gouvernement d'union sans lui, semble exclue. Ses adversaires l'accusent de s'accrocher à son poste pour faire voter des textes le protégeant des poursuites. Il est menacé d'inculpation dans trois affaires de corruption. Il clame son innocence et dénonce une "chasse aux sorcières".

Avec AFP