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L'arrêt des soins de Vincent Lambert a débuté, la famille saisit de nouveau la justice

L'avocat des parents de Vincent Lambert a annoncé, lundi, que les traitements du patient tétraplégique en état végétatif depuis plus de 10 ans ont été interrompus. Certains proches ont de nouveau saisi la CEDH et le Conseil d'État.

"C'est une honte, un scandale absolu, ils n'ont même pas pu embrasser leur fils", a réagi Me Jean Paillot, avocat des parents de Vincent Lambert. L'interruption des traitements a commencé lundi 20 mai, à l'hôpital Sébastopol de Reims sur décision du médecin Vincent Sanchez.

L'ancien infirmier âgé aujourd'hui de 42 ans est en état végétatif et tétraplégique depuis un accident de la route en 2008. L'arrêt des soins, validé par le Conseil d'État fin avril, prévoit l'arrêt des machines à hydrater et alimenter ainsi qu'une sédation "contrôlée, profonde et continue". Une prise d'analgésiques est également prévue "par précaution".

Ce processus, qui intervient après des années de bataille judiciaire, pourrait conduire à la mort de Vincent Lambert d'ici quelques jours. Les parents ont saisi, lundi, le Conseil d'État, la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) et la Cour d'appel de Paris pour demander le maintien des soins prodigués à leur fils.

Une requête que la CEDH a, pour sa part, rejeté. En effet, l'institution avait déjà validé le 30 avril une décision d'arrêt des soins du Conseil d'État.

Le pape appelle à " protéger la vie "

De son côté, le pape a appelé dans un tweet à protéger la vie "du début à la fin naturelle". "Prions pour ceux qui vivent dans un état de grave handicap. Protégeons toujours la vie, don de Dieu, du début à la fin naturelle. Ne cédons pas à la culture du déchet", a écrit  François dans un message publié sur tous ses comptes Twitter de différentes langues.

Prions pour ceux qui vivent dans un état de grave handicap. Protégeons toujours la vie, don de Dieu, du début à la fin naturelle. Ne cédons pas à la culture du déchet.

  Pape François (@Pontifex_fr) May 20, 2019

Le directeur de la salle de presse du Saint-Siège, Alessandro Gisotti, a été plus explicite en retweetant le message avec la mention en français : "Prions pour Vincent Lambert".

Une famille déchirée

Vincent Lambert est devenu, malgré lui, le symbole du débat sur la fin de vie qui déchire sa famille depuis six ans : d'un côté, les parents fervents catholiques, qui ont multiplié en vain les recours depuis que la plus haute juridiction a validé la procédure d'arrêt des soins, demandée par le CHU en avril 2018. La quatrième depuis 2013. Un de ses frères et une de ses sœurs s'opposent également à l'arrêt des soins.

De l'autre, son épouse Rachel, son neveu François et cinq frères et sœurs du patient veulent mettre fin à cet "acharnement thérapeutique". S'il n'a pas laissé de directives anticipées, son épouse et son neveu affirment qu'il avait pris position contre tout acharnement thérapeutique.

Débat politique

À l'origine familial et judiciaire, le débat a également pris un tour politique. Les têtes de liste des Républicains (LR) et du Rassemblement national (RN) aux élections européennes, respectivement François-Xavier Bellamy et Jordan Bardella, ont pris publiquement le parti des parents.

"Je suis par principe attaché à la dignité humaine et je vais vous donner ma conviction personnelle : cette décision de justice, elle me choque", a déclaré ce dernier lundi, sur RTL, appelant Emmanuel Macron à se prononcer sur le sujet.

Lundi après-midi, le chef de l'État a répondu sur Facebook : "Il ne m'appartient pas de suspendre une décision qui relève de l'appréciation de ses médecins et qui est en conformité avec nos lois".

Raphaël Glucksmann, tête de liste du Parti socialiste et de Place publique, a jugé sur CNEWS qu'il fallait "faire confiance" aux médecins et à la justice. L'ex-député LR Jean Leonetti a déclaré dimanche que l'arrêt des soins s'inscrivait bien dans le cadre de la loi dont il est l'artisan.

Avec AFP et Reuters