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En Nouvelle-Calédonie, les non-indépendantistes conservent de peu le Congrès

Après les élections provinciales, dimanche, les loyalistes ont conservé de peu la majorité au Congrès calédonien. Les nouveaux élus auront la lourde responsabilité d'échafauder avec Paris un nouveau statut pour la Nouvelle-Calédonie.

Six mois après le rejet de l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie, les partisans du maintien de l’archipel dans la France ont conservé de peu la majorité au Congrès après les élections provinciales dimanche 12 mai, selon de premières estimations confirmant la poussée des indépendantistes.

En effet, la droite non indépendantiste obtiendrait 28 élus sur 54, contre 26 aux indépendantistes, selon les estimations de la télévision NC La 1ère. Ce scrutin crucial ouvrait l'ultime mandat découlant de l'accord de Nouméa.

Les indépendantistes gagnent du terrain

Les indépendantistes, après avoir perdu le référendum avec un score de 43,3   %, bien supérieur aux annonces des sondages, espéraient surfer sur cette dynamique et prendre les rênes du Congrès et du gouvernement, tandis que les nouveaux élus auront la lourde charge de mettre en place, avec Paris, un nouveau statut pour la Nouvelle-Calédonie.

Depuis 1998, mandat après mandat, les indépendantistes gagnent du terrain. Dans le Congrès sortant, ceux-ci disposaient déjà de 25 élus sur 54.

L'élection a également été marquée à droite par un net retournement : Calédonie Ensemble, parti de droite modérée, qui dirigeait la riche province sud et le gouvernement, essuie une cinglante défaite au profit de son rival L'Avenir en confiance, soutenu par Les Républicains.

Du côté indépendantiste, l'Union Nationale pour l'Indépendance, parti du président sortant Paul Néaoutyine dans la province Nord, arrive en tête et devrait garder son poste.

Dimanche, l’objectif pour les 169   635 électeurs était le renouvellement des 76 conseillers des trois provinces. En tout, 25 listes, soit 934 candidats, étaient en lice. Sur les 76 élus provinciaux, 54 siègent à l'échelle territoriale au Congrès, qui élit ensuite un gouvernement collégial.

Le mode de scrutin de listes proportionnel à un tour nécessite d'obtenir au minimum 5   % des inscrits pour pouvoir participer à la répartition des sièges. Toutefois, compte tenu du poids démographique du Sud, ce système engendre une "sur-représentativité" des provinces indépendantistes, phénomène largement dénoncé par la droite. Pour exemple, une liste du Sud doit rassembler 5   425 voix pour avoir des élus, ce qui donne peu de chances aux petites listes, tandis qu'il n'en faut que 2   000 dans le Nord et 1   000 aux Loyauté.

Droite désunie

"La pleine souveraineté [est] la seule porte de sortie" de l’accord de Nouméa, a affirmé cette semaine Paul Néaoutyine, président de la province Nord et incontournable interlocuteur du FLNKS (Front de Libération nationale kanak socialiste).

Convaincus que le rapport de force peut s'inverser, les indépendantistes veulent aller "jusqu'au bout" du texte. Celui-ci prévoit en effet l'organisation d'un deuxième et éventuellement d'un troisième référendum en 2020 et 2022.

Des référendums que la mouvance LR veut organiser "au plus vite", espérant de son côté améliorer le score des pro-français et discuter ensuite "avec fermeté" avec le FLNKS.

Pour ce qui est de Calédonie Ensemble, le parti de droite modérée considère qu'il "ne sert à rien" de poser encore deux fois la même question "qui donnera le même résultat". En effet, ce parti, partisan d'un dialogue constant avec les indépendantistes, prône un référendum "d'avenir partagé" sur une solution "de souveraineté dans la République".

Avec AFP