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Après les attentats meurtriers de Pâques, le Sri Lanka est en deuil. Et les conséquences économiques de ces attaques terroristes pourraient aussi faire des dégâts sur l’île, très dépendante du tourisme.

Les attaques meurtrières du dimanche 21 avril ont secoué la petite île du Sri Lanka. Mais à la peine et la peur se mêle déjà l’inquiétude d’un impact économique durable. Quelques jours après les attentats qui ont fait au moins 359   morts et 500   blessés, les effets du terrorisme se font déjà ressentir, particulièrement sur le tourisme. " Les événements de ce week-end vont avoir des conséquences considérables sur l’activité touristique du Sri Lanka ", prédit Didier Arino, directeur de Protourisme, cabinet français spécialiste des études et du conseil dans le tourisme, interrogé par France   24.

Annulations en série

"Au départ pour le Sri Lanka, tous les vols sont vides, les retours, eux, sont surbookés", expose l'expert. De nombreuses ambassades ont appelé leurs ressortissants à la prudence et au respect des consignes de sécurité. Des milliers de vacanciers ont déjà fui l’île. Les annulations auprès des tours opérateurs et des hôtels se multiplient, comme l’explique le spécialiste du tourisme.

L’ampleur de l’attaque remet en question la préparation des autorités au risque terroriste. "Les agences de voyage ne vont pas prendre le risque d’envoyer leurs clients dans un lieu considéré comme dangereux", poursuit Didier Arino. Parmi les victimes des attentats figurent près de 40   étrangers.

Plus de 2 millions de touristes en 2018

Avant les attentats, le tourisme était pourtant en plein essor au Sri Lanka. En   2018, 2,3   millions de voyageurs se sont laissé tenter par la petite île de l’océan Indien. Ils n’étaient que 450   000 en   2012. Six ans ont donc suffi à Sri Lanka pour se faire une place sur la scène touristique internationale.

Cette année aurait dû lui permettre de prendre une nouvelle dimension. "Le pays a été nommé meilleure destination 2019 par Lonely Planet (guide de voyage international) ", rappelle Didier Arino. Une véritable victoire pour un pays qui a fait du tourisme l’une de ses grandes priorités.

En 2009, à la fin de la guerre civile, l’objectif était de revaloriser l’image d’un pays en crise. Le Sri Lanka se découvre un potentiel touristique inexploité. Des ruines bouddhistes aux plages de sable fin, l’île semblait avoir tous les atouts pour devenir une destination privilégiée.

Les politiques optent alors pour une activité rentable, permettant de rattraper le retard touristique. Le secteur haut de gamme s’impose comme un marché prospère.

Une économie qui repose sur le tourisme

Représentant 11,6 % du PIB, le tourisme est devenu un élément essentiel de la croissance du pays. En   2018, le ministère français de l’Économie et des Finances révèle que cette sphère rapporte plus de 4 milliards de dollars au Sri Lanka. Un chiffre en constante hausse depuis la fin de la guerre civile. De plus, le secteur représente 1   million d’emplois.

Si la situation continue à se dégrader, la baisse des recettes touristiques pourrait s’accompagner d’une hausse du chômage. L’île reste très dépendante de ce secteur.

La Tunisie, un exemple rassurant

Le tourisme sri-lankais n’est pas le premier à pâtir du terrorisme. Avant lui, d’autres pays se sont retrouvés sur la liste rouge des voyageurs. Parmi eux notamment, la Tunisie, cible d’organisations terroristes. En   2015, les attaques du musée du Bardo, de Sousse et du convoi présidentiel mettent le secteur touristique sur pause pour plusieurs années.

Puis "c’est l’année de la vraie reprise", selon la ministre du Tourisme tunisienne, qui annonce en début d’année   2018 des chiffres prometteurs. Les recettes liées au tourisme sont multipliées par 2,5 en moins de 2   ans, passant d’1 à plus de 2,5   milliards de dinars entre   2016 et   2017.

La saison 2018 battra des records avec 3,9   milliards de dinars engrangés (près d'1,2   milliard d'euros), d’après le ministère tunisien du Tourisme. En quelques années, le tourisme tunisien reprend vie et devient même plus productif. Un espoir pour le secteur touristique du Sri Lanka   ?