Garry Kasparov, l'ancien champion du monde d'échecs, a donné, samedi, le coup d'envoi de son nouveau parti Solidarnost, avec l'espoir de se faire enfin entendre dans un pays où le premier ministre Vladimir Poutine reste tout-puissant.
AFP - Des militants emmenés par l'ex-champion du monde d'échecs Garry Kasparov ont fondé samedi un nouveau mouvement d'opposition baptisé "Solidarnost", dans l'espoir de se faire enfin entendre dans un pays où le Premier ministre Vladimir Poutine reste tout-puissant.
Un peu plus d'une centaine de délégués, réunis dans un hôtel en banlieue de Moscou, ont voté à main levée pour valider la création de cette nouvelle entité, a constaté une journaliste de l'AFP.
Le nom choisi pour le mouvement fait référence au mouvement syndical polonais fondé dans les années 80 Solidarnosc, qui "avait vaincu le fascisme", a souligné M. Kasparov dans le discours qu'il a prononcé devant les délégués.
Autre symbole et clin d'oeil au passé: le mouvement a choisi pour hymne la chanson "Nous attendons les changements", écrite à la fin des années 1980 par l'icône du rock russe Viktor Tsoï et qui était une chanson culte des jeunes de l'époque de la Perestroïka.
"Notre premier but sera de démanteler le régime (de l'ancien président) Poutine. C'est le seul moyen de rétablir la liberté et la concurrence politique dans le pays", a grondé M. Kasparov sous les applaudissements de la salle.
Le leader a reconnu que la coalition rassemblait des forces plutôt hétéroclites, couvrant l'ancien SPS (l'Union des forces de droite, libéral), des membres du RNDS de l'ancien Premier ministre russe Mikhaïl Kassianov (lui-même absent) et des militants des droits de l'Homme, mais il s'est dit "très optimiste" quant à son avenir.
Solidarnost va préparer "l'avenir, qui viendra plus tôt qu'on ne le croit. En 2009, dans un an notre pays subira une catastrophe", a-t-il expliqué vendredi lors d'une conférence de presse.
"Le régime a une espérance de vie très courte: à la fin de l'année prochaine il y aura des secousses en Russie. Il faudra vers ce moment créer une coalition démocratique puissante", a-t-il affirmé.
L'un des délégués, Ivan Fedorenko, représentant du RNDS à Saint-Pétersbourg, s'est toutefois déclaré sceptique quant à l'avenir du mouvement.
"Ici, il y a beaucoup de gens à qui ça ne plaît pas mais il faut participer car il n'y a rien d'autre. Si vous vous considérez comme démocrate, vous devez y être", a-t-il dit à l'AFP en marge du congrès.
La crise économique qui frappe durement la Russie attise le mécontentement dans les régions, a-t-il souligné, citant en exemple les usines automobiles de sa région, contraintes d'interrompre leur production pendant plusieurs semaines à la fin de l'année.
"Beaucoup pensent que la crise ouvre une fenêtre de possibilités, que les gens seront mécontents à cause de l'économie et que les organisations démocratiques pourront défendre notamment les intérêts économiques et devenir aussi populaires que le Solidarnosc polonais", note-t-il.
"C'est un grand jour. C'est une chose importante et utile quand a lieu un rassemblement", s'est pour sa part réjoui Iouri Voblikov, militant écologiste de la région de Penza (700 kilomètres au sud-est de Moscou). "A présent nous sommes d'accord pour être ensemble. Nous allons rester différents, mais ensemble", a-t-il dit à l'AFP.
Comme c'est fréquent en Russie, des jeunes partisans du pouvoir en place ont tenté de perturber le déroulement du congrès de Solidarité. Une trentaine d'entre eux se sont réunis devant l'entrée du bâtiment en criant et en agitant une banderole sur laquelle était écrit "ça suffit de raconter des mensonges" et en agitant des fumigènes.
Trois d'entre eux portaient des masques de singes et lançaient des bananes et des tracts proclamant "Les singes racontent des mensonges". Vendredi, des moutons aux pattes cassées ou morts avaient été projetés dans la direction des congressistes.