Les Gilets jaunes sont de retour samedi dans les rues de Paris et de plusieurs villes françaises pour lancer un nouvel "ultimatum" à Emmanuel Macron. Le ministre de l'Intérieur dit craindre le retour des "casseurs".
Pour le 23e samedi consécutif, les manifestants se sont principalement donné rendez-vous à Paris à l'occasion de mobilisations qui font craindre au ministère de l'Intérieur un regain de violence par rapport aux dernières semaines. 60 000 policiers et gendarmes seront mobilisés.
À moins d’une semaine de la prise de parole d’Emmanuel Macron, dorénavant prévue jeudi 25 avril, concernant ses réformes tirées du grand débat national, quatre défilés sont prévus dans la capitale. Deux seulement ont été autorisés. L'un doit partir de la basilique de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) pour rejoindre le campus de Jussieu (Ve arrondissement). Les deux autres, au départ du secteur de Bercy (est de Paris) pour rejoindre les Halles ou la place de l'Étoile, ont été interdits.
Les Champs-Élysées, l'hypercentre lyonnais, la place du Capitole à Toulouse… Par crainte des débordements qui avaient notamment émaillé le premier "ultimatum" le 16 mars, les autorités ont interdit aux manifestations des lieux emblématiques de plusieurs grandes villes françaises.
"Casseurs au rendez-vous"
"À nouveau, la menace est sérieuse et appelle à un dispositif renforcé", a déclaré, vendredi 19 avril, Christophe Castaner, à la veille de l'acte XXIII. "Casseurs" et "ultras" sont décidés à "reproduire" les violences du samedi 16 mars, a-t-il ajouté, craignant que ceux-ci ne se mêlent de nouveau aux manifestants.
Le ministre de l’Intérieur, qui s'exprimait lors d'une conférence de presse, a évoqué des incidents à craindre à Bordeaux, Toulouse, Montpellier et "tout particulièrement à Paris", théâtre des débordements les plus spectaculaires depuis le début du mouvement, en novembre dernier. Les mesures prévues par la récente loi dite "anticasseurs", adoptée en mars, seront appliquées par les forces de l’ordre. Parmi elles, l’interpellation de manifestants dont le visage est dissimulé, et les fouilles renforcées.
Il y a plusieurs semaines, la frange la plus radicale des Gilets jaunes a appelé à un regain de mobilisation après les samedis de calme relatif qui ont suivi la dernière poussée de fièvre, à la mi-mars.
Le 16 mars, plusieurs boutiques et établissements emblématiques des Champs-Élysées, comme le restaurant Le Fouquet's, avaient été vandalisés, voire partiellement incendiés.
"D'après les informations dont nous disposons, les casseurs seront à nouveau au rendez-vous demain", a dit Christophe Castaner.
On peut s’attendre à ce que samedi les ultras cherchent
une fois de plus à créer le trouble, à s’organiser en black blocs
pour se livrer à la violence - qui est leur seul horizon et leur seul point commun.
À nouveau, la menace est sérieuse et appelle un dispositif renforcé. pic.twitter.com/dJydW5kxnQ
Cortèges prohibés autour de Notre-Dame
"Leur objectif affiché est clair : reproduire le 16 mars. C'était l'ultimatum I. Ils ont depuis appelé à l'ultimatum II, intitulé 'L'acte ultime : Paris, capitale de l'émeute'", a-t-il encore déclaré.
Un nouvel arrêté d’interdiction des défilés et rassemblements dans le quartier des Champs-Élysées a été pris, jeudi 18 avril, par la préfecture de police de Paris contre les Gilets jaunes, bannis le samedi depuis le mois dernier. Sont également prohibés les cortèges et attroupements dans un périmètre établi autour de la cathédrale Notre-Dame, fragilisée lundi 15 avril par un violent incendie.
"Certains appellent à des rassemblements et des démonstrations de voie publique aux abords de la cathédrale, l’un d’eux met en parallèle une photo du président de la République et une photo de la cathédrale avec pour mention 'Samedi, on va se venger et mettre Paris à feu et à sang'", a expliqué Christophe Castaner, ajoutant que "les ultras cherchent une nouvelle fois à créer le trouble".
Test pour le gouvernement
L’acte XXIII des Gilets jaunes, qui réclament plus de pouvoir d'achat et davantage de démocratie directe, constituera un nouveau test pour le ministère de l'Intérieur, dont le dispositif a été éprouvé lors des cinq mois de mobilisation, notamment le 1er décembre.
Les autorités, largement critiquées, ont ajusté leur stratégie en mettant l'accent sur la mobilité des policiers et gendarmes.
"Je laisse beaucoup plus d'autonomie aux unités qui sont déployées", a déclaré le préfet de police de Paris, Didier Lallement, successeur de Michel Delpuech limogé après les scènes du 16 mars. "Des images d'unités fixées à quelques dizaines de mètres de casse ne sont pas acceptables", a-t-il ajouté.
Lors de l’acte XXII, samedi 13 avril, les manifestations avaient rassemblé 31 000 personnes, dont 5 000 à Paris, selon les chiffres officiels, régulièrement contestés par les manifestants.
Avec Reuters