En visite en Afghanistan au lendemain de la mort de quatre soldats britanniques dans deux attentats, le Premier ministre Gordon Brown a invité ses partenaires de l'Otan à s'engager avec plus de détermination dans la lutte contre les Taliban.
AFP - Le Premier ministre britannique, Gordon Brown, en visite surprise à Kaboul, a plaidé samedi après-midi pour un "partage du fardeau" entre les pays militairement présents en Afghanistan, au lendemain de la mort de quatre soldats britanniques dans deux attentats.
La visite de Gordon Brown en Afghanistan constitue la première étape d'une tournée régionale qui doit notamment le conduire samedi soir en Inde, où il s'entretiendra avec son homologue Manmohan Singh, avec lequel il évoquera notmamment les sanglantes attaques contre Bombay.
Gordon Brown s'est d'abord rendu samedi matin à Camp Bastion, dans la province de Helmand (sud), où il a rencontré les soldats britanniques et évoqué les quatre soldats tués vendredi dans deux attentats dans cette province, dont l'un a été commis par un jeune garçon.
"C'est une constatation terrible de voir que les talibans ont utilisé un garçon de 13 ans comme kamikaze", a-t-il déclaré, alors que ces attaques portent à 132 le nombre total des militaires du Royaume Uni tués en Afghanistan depuis 2001.
"Nous ressentons dégoût et horreur devant de telles tactiques employées par les talibans", a-t-il ajouté, avant d'assurer les soldats qu'ils se trouvaient en première ligne sur le "front de la terreur", qui part des montagnes de la frontière afghano-pakistanaise et s'achève dans les rues du Royaume-Uni.
Mais alors que le président élu américain Barack Obama veut envoyer davantage de troupes en Afghanistan et demande aux alliés de l'Otan d'en faire autant, le Premier ministre britannique a demandé un meilleur partage du travail.
"A l'avenir, le fardeau doit être équitablement partagé, c'est quelque chose sur lequel nous allons insister", a-t-il déclaré à Kaboul, au cours d'une conférence de presse après une rencontre avec le président Hamid Karzaï.
L'armée britannique, qui dispose du deuxième contingent le plus nombreux en Afghanistan, après les Etats-Unis, est soumise à des contraintes très fortes, avec quelques 8.700 soldats déployés en Afghanistan et encore plus de 4.000 en Irak.
La plupart des soldats britanniques en Afghanistan sont basés dans la province de Helmand (sud), un bastion des talibans, théâtre de durs combats et qui est aussi le premier centre de production d'opium du pays.
Au cours de la conférence de presse, Gordon Brown a également annoncé un financement de 10 millions de dollars destiné à encourager l'enregistrement des électeurs, en vue de l'élection présidentielle qui doit se tenir courant 2009.
Le Premier ministre a également appelé le Pakistan et l'Afghanistan à travailler de concert face aux insurgés présents dans les zones frontalières.
"Une action conjointe du Pakistan et de l'Afghanistan est essentielle pour obtenir la paix et la stabilité" dans la région, a-t-il souligné.
Le président afghan a estimé pour sa part que "les renforts des forces internationales doivent être déployées à la frontière avec le Pakistan, pour empêcher les infiltrations des terroristes".
Par ailleurs, 300 soldats britanniques supplémentaires ont été déplacés de Chypre en Afghanistan pour assurer la sécurité de la campagne électorale et promouvoir les cultures de substitution à l'opium, selon des sources militaire et diplomatique qui ont requis l'anonymat.
Les violences des insurgés afghans, parmi lesquels les talibans chassés du pouvoir fin 2001 par une coalition emmenée par les Etats-Unis, ont redoublé d'intensité depuis deux ans malgré la présence de près de 70.000 soldats de deux forces multinationales, l'une de l'Otan, l'autre sous commandement américain (Operation Enduring Freedom).