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Immigration : Stephen Miller, ce conseiller qui pousse Donald Trump toujours plus à droite

Il est devenu l’un des plus influents conseillers du président américain Donald Trump. Stephen Miller, trentenaire obsédé par la question migratoire, est le gagnant du départ de la ministre de la Sécurité nationale et du patron du Secret Service.

L’heure de gloire de Stephen Miller est arrivée. Ce jeune conseiller présidentiel de 33 ans est l’architecte du grand ménage au sein du département américain de la Sécurité nationale. C’est lui qui a convaincu le président Donald Trump de pousser Kirstjen Nielsen, sa ministre de la Sécurité nationale, à la démission et de limoger Randolph Alles, le directeur du Secret Service, lundi 8 avril. Deux départs qui laissent augurer un virage encore plus à droite de la politique migratoire américaine, dont Stephen Miller est le principal chantre à la Maison Blanche, expliquent plusieurs médias américains, dont le New York Times et le site Politico.

"C’est une victoire pour Stephen Miller", assure le quotidien britannique The Guardian. Le New Republic, un magazine américain de centre-gauche, soutient que ces deux départs marquent le sacre de "la présidence Miller", tandis que la chaîne CNN se demande si le conseiller "est dorénavant le seul maître à bord [du navire trumpien]".

Bête noire des démocrates

Peu connu en dehors des États-Unis, le jeune homme est la bête noire des démocrates et des républicains modérés. Les talk-shows progressistes, comme l’émission Late Night, avec Seth Meyer ou le Daily Show de Trevor Noah, dépeignent régulièrement Stephen Miller en vampire qui agit dans l’ombre pour flatter les tendances xénophobes de Donald Trump. Depuis le départ du gouvernement de Steve Bannon, l’ex-conseiller spécial du président américain et figure de proue de "l'alt-right", Stephen Miller incarne l’aile la plus à droite de l’administration Trump.

En tant que conseiller et plume du président, il est à l’origine de certaines des décisions les plus controversées de la présidence Trump et de ses déclarations les plus tonitruantes contre les immigrés. Il est le coauteur du décret présidentiel de 2017 qui avait interdit l’entrée sur le territoire américain des ressortissants de sept pays à majorité musulmane. C’est encore lui qui a convaincu le président américain d’essayer de mettre un terme au programme "DACA", qui permet à des jeunes immigrés de travailler aux États-Unis. Il était aussi le champion du "jusqu'auboutisme" présidentiel durant la bataille avec le Congrès pour le financement de la construction du mur à la frontière mexicaine à l’occasion des négociations pour le budget de 2018. Un bras de fer qui avait partiellement paralysé le fonctionnement du gouvernement pendant plus de trente jours.

"Tant que Stephen Miller aura son mot à dire sur les questions d’immigration, nous n’avancerons pas sur cette question", a regretté le sénateur républicain, Lindsay Graham qui porte la double casquette de fervent partisan de Donald Trump et de détracteur inlassable du jeune conseiller de 33 ans.

Obsession des immigrés

Accusé d’être le xénophobe en chef de l’administration, Stephen Miller s’est toujours défendu d’être raciste. Pour lui, il s’agit simplement d’appliquer à la lettre la politique de l'"America First" ("L’Amérique d'abord") de son patron, explique-t-il au site The Atlantic. L’immigration incontrôlée représenterait, au même titre que les pratiques commerciales chinoises, une menace pour le bien-être de ses concitoyens.

Il n’empêche qu’il nourrissait déjà une obsession des immigrés, bien avant de se mettre au service de Donald Trump. Élevé dans une famille démocrate de Santa Monica (Californie), il s’écarte des convictions politiques de sa famille dès le lycée. Miller a raconté à plusieurs reprises qu’il devait son réveil politique en grande partie aux attentats du 11-septembre 2001. Il a alors 16 ans et trouve que ses camarades de classe font preuve d’un "manque de patriotisme" flagrant face à ce qu’il perçoit comme la menace islamique.

Stephen Miller s’embarque alors dans une double croisade contre les immigrés qui menacent à ses yeux les valeurs américaines, et contre les "progressistes" qui se berceraient d’illusions, raconte le New York Times dans un portrait du jeune conseiller présidentiel.

Il se fait remarquer par la sphère ultra-conservatrice américaine durant ses années à la prestigieuse université de Duke (Caroline du Nord). Stephen Miller y multiplie les provocations : il met en place une "semaine de sensibilisation à l’islamo-fascisme" et organise un débat auquel il invite David Horowitz, l'un des principaux idéologues de la droite ultra-conservatrice américaine. Ce provocateur ne rate pas non plus une occasion de s’exprimer devant un micro pour asséner des déclarations chocs. Ainsi, à l’époque de la seconde guerre en Irak, en 2003, il défend l’usage de la torture qui serait "une célébration de la vie et de la dignité humaine"… Il prend aussi le parti, en 2006, de trois sportifs blancs et issus de familles aisés de l’université qui sont accusés de viol par une étudiante noire. Il clame, sans relâche sur Fox News, que leur présomption d’innocence est bafouée dans un climat "politiquement correct" où personne n'oserait remettre en cause la parole de l’accusatrice.

Lorsqu’un an plus tard, l’innocence des accusés est établie, Stephen Miller devient une star nationale pour les militants d’extrême-droite : il est celui qui a eu raison contre la "bien-pensance" de gauche. Cet épisode deviendra aussi son ticket d’entrée dans l’arène politique de Washington.

De Jeff Session à Donald Trump

Après l’université, il intègre l’équipe de conseillers du sénateur républicain Jeff Session, connu pour ses positions très fermes sur les questions d’immigration. Lorsque Donald Trump annonce, en 2015, sa candidature à l’élection présidentielle, Stephen Miller est l’un des premiers à rejoindre l’équipe de campagne de celui avec qui il partage le goût de la provocation à outrance, et l’extrême fermeté sur les questions d’immigration.

Il ne l’a pas quitté depuis. Le conseiller est l’un des rares à avoir survécu à toutes les purges "trumpiennes". Plus l’élection présidentielle de 2020 approche, plus Stephen Miller va se faire omniprésent, prévient la chaîne NBC. Elle explique que "pour se faire réélire, Donald Trump cherche à mobiliser des électeurs qui sont d’accord avec lui, mais ne votent pas d’habitude. Pour les convaincre, le président va chercher à prendre les positions les plus fermes possibles, ce qui correspond à la politique prônée par Stephen Miller".