
envoyée spéciale – Plusieurs milliers de personnes ont manifesté place de la République, à Paris, pour le septième dimanche consécutif. Il s'agit de la première journée de protestation en France depuis la démission du président Abdelaziz Bouteflika.
Des milliers d'Algériens et de Français d'origine algérienne ont une nouvelle fois manifesté, dimanche 8 avril, à Paris, afin de réclamer un "vrai changement de régime", quelques jours après la démission du président Abdelaziz Bouteflika.
"Notre but n’était pas simplement que Bouteflika parte, mais que le système algérien tout entier change", raconte Salima, une Française de 35 ans, d'origine algérienne, à Pauline Rouquette, journaliste de France 24 présente sur place.
« Vous partez, nous gouvernons. L’Algérie nouvelle. » De très nombreux jeunes sont venus manifester à #Paris. #algerianprotests pic.twitter.com/y63kgBjulq
Pauline Rouquette (@rqpauline) April 7, 2019Les manifestants se sont réunis pour un septième dimanche consécutif place de la République, dans le centre de la capitale française, aux couleurs du drapeau algérien blanc, vert et rouge et au son du chant patriotique "Min Djibalina".
Abdallah, 69 ans, a dit manifester à Paris depuis le début. "Nous voulons des élections libres et démocratiques, où le président est élu par le peuple et non pas par l'armée", a affirmé ce professeur, qui vit en France depuis 40 ans. "Nous voulons un président compétént physiquement et intellectuellement", a-t-il ajouté.
« #Bouteflika est parti, maintenant on veut que ses ‘dérivés’ partent ! » Abdallah vient manifester à #Paris depuis le début du mouvement de protestation. « Algé-rire », c’est « parce qu’il faut faire passer ça par l’humour et la fraternité. » #Algeria #Algérie #République pic.twitter.com/Uo0EMtm5S9
Pauline Rouquette (@rqpauline) April 7, 2019Les manifestants sont optimistes quant à la prise en compte de leurs revendications, au regard des avancées obtenues par la rue, à commencer par la démission du président algérien, a noté la journaliste.
Sara a 38 ans. Elle est Kabyle et vit en France depuis 18 ans. Elle est venue manifester pour la première fois avec son mari et ses trois enfants. "En voyant les gens autour de moi, je me suis sentie très fière de mon pays. Il ne faut pas s'arrêter car c'est en manifestant pacifiquement que tout pourra changer", affirme-t-elle.
Un peu plus loin, des drapeaux kabyles s’agitent. Des manifestants dansent sur «—Slaabit ay abehri—» de Matoub Lounès, grande figure de la chanson kabyle, assassiné en 1998.
«—Il était contre le pouvoir et avait prédit ce qui se passe aujourd’hui—» explique une manifestante. pic.twitter.com/Ld6rpe6xtm
"Dégagez le système Bouteflika, vous avez mangé le pays", scandé en arabe, a été l'un des slogans forts de cette mobilisation.
Les pancartes affirmaient "le peuple pour seul caïd" et exigeaient que "tous dégagent", en particulier "les 3B": Tayeb Belaiz, le président du Conseil constitutionnel; Noureddine Bedoui, le Premier ministre; et surtout Abdelkader Bensalah, le président du Conseil de la Nation, la chambre haute du parlement algérien, et probable futur chef de l'État par intérim.
Une centaine de personnes ont également manifesté à Marseille "pour une Algérie démocratique".