
Sous le mot d'ordre "Plus jamais de dictature", quelques milliers de personnes sont descendues dans la rue au Brésil à l'occasion du 55e anniversaire du coup d'État militaire du 31 mars 1964, que souhaitait commémorer le président Jair Bolsonaro.
À l'occasion du 55e anniversaire du coup d'État militaire en 1964, quelques milliers de personnes ont protesté dimanche 31 mars au Brésil pour dénoncer les commémorations de la dictature.
À Rio de Janeiro, environ 2 000 personnes ont manifesté dans l'après-midi à Cinelandia, place emblématique du centre-ville. Ils étaient quelques centaines à Sao Paulo rassemblés au parc Ibirapuera – pour la plupart des proches de victimes du régime – et environ 900 à Brasilia. Les manifestants brandissaient des banderoles montrant des photos d'opposants tués par le régime qui a sévi de 1964 à 1984.
Commémorer le coup d'État militaire ?
Les appels à manifester de syndicats et mouvements de défense des droits humains s’étaient multipliés dans la semaine sur les réseaux sociaux, après l'annonce du porte-parole de la présidence demandant que le coup d'État soit "commémoré comme il se doit" dans les casernes.
Le président Jair Bolsonaro a justifié sa décision en affirmant que l'intervention de l'armée en 1964 avait sauvé le Brésil du communisme. Cet ex-capitaine de l'armée, dont le gouvernement comprend huit militaires parmi les 22 ministres, n'a jamais caché son admiration pour les années de plomb.
Une juge de Brasilia avait décidé vendredi d'interdire toute commémoration du coup d'État, considérant qu'elle est "incompatible avec le processus de reconstruction démocratique" promue par la Constitution de 1988, mais cette décision avait ensuite été annulée samedi par une cour d'appel.
Avant cette passe d'armes judiciaire, plusieurs régiments avaient déjà pris les devants, célébrant cet anniversaire jeudi et vendredi, avec la lecture d'un message du ministre de la Défense, Fernando Azevedo e Silva, pour qui les militaires ont servi de rempart à "une escalade vers le totalitarisme".
Le parquet fédéral avait condamné une "initiative qui sonne comme une apologie de la pratique d'atrocités", ajoutant que ces cérémonies sont "incompatibles avec l'État de droit démocratique".
Des centaines d'assassinats
Selon un rapport publié en 2014 par la Commission nationale de la vérité, 434 assassinats ont été perpétrés au cours des 21 ans de régime militaire, sans compter les centaines de détentions arbitraires et cas de torture d'opposants.
Mais au Brésil, de nombreuses personnes considèrent encore que la dictature était une période faste où régnait l'ordre, malgré la répression, et même si le "miracle économique" qui a contribué au développement du pays s'est vite essoufflé avec le choc pétrolier de 1973.
Avec AFP et Reuters