
Le président du Kazakhstan Noursoultan Nazarbaïev a annoncé mardi sa démission, après quasiment 30 ans à la tête de ce pays d'Asie centrale riche en hydrocarbures mais confronté à une grogne sociale grandissante.
C'est une démission surprise. Noursoultan Nazarbaïev a annoncé, mardi 19 mars, qu'il démissionnait de la présidence du Kazakhstan après trente années au pouvoir.
"J'ai pris la décision, qui n'est pas facile pour moi, de démissionner de la présidence", a déclaré le chef de l'État qui a dit vouloir laisser la place à une "nouvelle génération de dirigeants".
Depuis la mort de l'autoritaire président ouzbek Islam Karimov en 2016, Noursoultan Nazarbaïev était le dernier dirigeant de l'ex-URSS au pouvoir sans discontinuer depuis la dissolution de l'Union soviétique en 1991. Il devrait toutefois continuer à jouer un rôle important dans la politique kazakhstanaise.
Il disposera néanmoins de pouvoirs étendus après son départ, grâce à une loi votée en mai 2018 qui accorde un statut constitutionnel au Conseil de sécurité, dont les recommandations étaient jusque là uniquement consultatives, et autorise l'ex-président Nazarbaïev à diriger cette instance jusqu'à sa mort. Il restera également président du parti au pouvoir, Nour Otan.
Des élections jugées non libres
Réélu à plusieurs reprises à une majorité écrasante, lors d'élections jamais reconnues comme libres et justes par les observateurs internationaux, il n'a jamais désigné clairement de successeur.
La présidence par intérim sera assumée par le président du Sénat kazakhstanais, Kassym-Jomart Tokaïev, 65 ans, alors que l'actuel mandat du président Nazarbaïev courait jusqu'en mars 2020. "Il est précisément la personne à qui on peut confier la gouvernance du Kazakhstan aujourd'hui", a déclaré Noursoultan Nazarbaïev dans son allocution, faisant l'éloge du président du Sénat.
Cette annonce intervient moins d'un mois après le brusque limogeage du gouvernement kazakhstanais, à qui il reprochait de ne pas avoir su diversifier une économie très dépendante des hydrocarbures. Le président avait alors promis des mesures sociales représentant plusieurs milliards d'euros pour répondre au mécontentement croissant de la population, à moins d'un an de la prochaine élection présidentielle.
Riche en pétrole et en gaz, premier producteur mondial d'uranium et grand comme quatre fois la France, le Kazakhstan est la plus importante économie d'Asie centrale. Mais le pays de 18 millions d'habitants souffre depuis 2014 de la baisse des prix des hydrocarbures et de la crise économique chez son allié russe, qui a provoqué la dévaluation du tenge kazakhstanais.
AFP et Reuters