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Élections régionales à risque pour Merkel

À un mois des législatives, la CDU de la chancelière Angela Merkel pourrait perdre des points à l'occasion de régionales partielles. En Saxe, Sarre et Thuringe, les sondages annoncent de bons résultats pour le SPD et Die Linke.

REUTERS - La gauche allemande attend des scrutins régionaux de ce dimanche dans trois Länder le droit de garder espoir à un mois d’élections législatives fédérales qui s’annoncent très favorables à l’Union chrétienne-démocrate (CDU) de la chancelière Angela Merkel.

Dans les sondages, la formation de droite est créditée de 12 à 15 points d’avance sur les sociaux-démocrates (SPD) avec lesquels elle gouverne depuis 2005 dans le cadre d’une « grande coalition ».

Mais les scrutins régionaux dans le land de Saxe, en Thuringe et dans la Sarre, pour l’heure tous gouvernés par la CDU, pourraient redistribuer les cartes et dynamiser la campagne nationale du SPD pour les élections du 27 septembre.

Les bureaux de vote ont ouvert à 08h00 (06h00 GMT) et les premiers sondages de sortie des urnes devraient être publiés à 18h00 (16h00 GMT). Les gouvernements locaux ne devraient pas être en place avant des semaines, en raison de la probable nécessité de bâtir des coalitions.

« Le SPD tentera d’exploiter au maximum le moindre gain dans ces élections régionales. Il y a un risque pour Merkel, même s’il faut dire que c’est un risque limité », analyse Peter Lösche, qui enseigne la science politique à l’Université de Göttingen.

Dans le Land de Saxe, en ex-Allemagne de l’Est, la CDU semble bien partie pour se succéder à elle-même. En revanche, l’issue semble incertaine dans la Sarre, près de la frontière française, et en Thuringe, également en ex-RDA.

Dans ces deux Länder, les sociaux-démocrates (SPD) pourraient constituer des coalitions majoritaires avec le Parti de La Gauche (Die Linke) et les Verts.

Une coalition « rouge-rouge » ?


Heiko Maas, le chef de file du SPD dans la Sarre, s’est prononcé publiquement pour une alliance à trois avec les Verts et les libéraux du FDP plutôt que pour un gouvernement « rouge-rouge » avec Oskar Lafontaine, ancien président du SPD, ministre-président de Sarre entre 1985 et 1998 et candidat de Die Linke dans son land de toujours.

Mais cet avocat de 42 ans s’est préparé à ce qu’aucun dirigeant du SPD n’a osé faire jusqu’ici en Allemagne de l’Ouest: gouverner avec Die Linke. Les deux partis sont déjà alliés à la tête de l’exécutif de Berlin.

« Il y a une majorité claire en faveur du changement en Sarre », confiait-il cette semaine dans une interview accordée à Reuters. « La CDU et le FDP n’ont la majorité dans aucun sondage depuis trois ans. »

Frank-Walter Steinmeier, ministre des Affaires étrangères et chef de file du SPD aux législatives de septembre, a écarté l’hypothèse d’un gouvernement « rouge-rouge » au niveau fédéral en raison de désaccords majeurs sur les politiques étrangère et économique.

Mais dans des entretiens accordés ce week-end à des médias allemands, il a laissé ouverte la possibilité de conclure une telle alliance dans la Sarre.

Le SPD ne gouverne plus que cinq des seize Länder allemands contre onze en 1998. S’il en récupère un à l’issue des élections de dimanche, ce sera une première depuis 2001, et Angela Merkel sera forcée d’adopter dans la dernière ligne droite de la campagne nationale un style offensif qu’elle affectionne peu.

Pour les chrétiens-démocrates, les mauvais souvenirs de 2002 et 2005 pourraient alors remonter à la surface. A chaque fois lors de ces deux derniers scrutins fédéraux, leur large avance dans l’opinion s’était dissoute dans les dernières semaines de campagne.