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Juan Guaido promet de rentrer au Venezuela "malgré les menaces"

Après une mini-tournée en Amérique du Sud, Juan Guaido, autoproclamé président par intérim, promet de rentrer lundi au Venezuela "malgré les menaces".

Le retour de l'opposant Juan Guaido au Venezuela après une mini-tournée en Amérique du Sud est attendu avec ferveur par ses partisans qui redoutent cependant son arrestation par le régime de Nicolas Maduro.

Juan Guaido, autoproclamé président par intérim, pourrait regagner Caracas lundi après avoir bravé l'interdiction de quitter le territoire. Il a rencontré différents chefs d'États dans sa tournée et a été reçu en tant que tel en Colombie, au Brésil, au Paraguay.

"L'unique marche arrière du processus entamé au Venezuela, c'est le retour à la maison de nombreux Vénézuéliens" qui ont quitté le pays, a-t-il assuré après un entretien avec le président argentin Mauricio Macri à Buenos Aires. Samedi, Juan Guaido sera en Équateur et à priori au Pérou dimanche.

S on retour met au défi le président Nicolas Maduro de l'arrêter, au risque de provoquer de fortes réactions internationales, ou de le laisser tranquillement éroder son autorité.

Rentrer malgré les menaces et la crainte d'une arrestation

"D'un côté j'ai peur qu'ils l'arrêtent et le jettent en prison et on va se retrouver avec un autre Leopoldo   ; d'un autre, je veux qu'il rentre pour changer le pays", résume un avocat de 37   ans, Iskia Urdaneta, évoquant le sort de l'opposant Léopoldo Lopez, condamné à 14   ans de prison en 2014 et assigné à résidence.

Guaido a promis de rentrer "malgré les menaces" pour suivre sa stratégie et conduire, comme il l'a expliqué, un gouvernement de transition jusqu'à la tenue d'élections "libres".

Les États-Unis, qui le soutiennent comme une cinquantaine d'autres pays, ont menacé de recourir à la force si on le touche, "mais il court le risque d'une arrestation ou d'être attaqué physiquement", indique le politologue Luis Salmanca.

Nicolas Maduro a déclaré ces derniers jours que Juan Guaido, en tant que chef du Parlement, devait "respecter la loi" et que s'il rentre au pays, "il devra rendre des comptes devant la justice".

"Sa vie est en danger parce que l'État de droit n'existe pas"

La Cour suprême du Venezuela, favorable au gouvernement, a ouvert une enquête contre l'opposant pour "usurpation" de la fonction présidentielle et décrété le gel de ses avoirs et une interdiction de sortir du territoire national, que Guaido a bravée la semaine dernière en se rendant en Colombie pour tenter de forcer le passage de l'aide humanitaire.

"Sa vie est en danger parce que l'État de droit n'existe pas dans ce pays. Mais Maduro n'est pas une brute, il sait que Guaido n'est pas isolé, qu'il a des soutiens internationaux, même si nous ne voulons pas d'une intervention militaire", analyse Solibet Hernández, un commerçant de 46   ans.

Mais pour Luis Quintero, professeur de 64   ans et partisan du chef de l'État en exercice, l'opposant "devrait être arrêté dès qu'il pose le pied sur le sol vénézuélien, le droit doit l'emporter".

"Le mieux c'est qu'il rentre et soit jugé" pense aussi Juan Mariño, 37   ans, gérant d'une salle de gym   : "Mais si Maduro le jette en prison, ça va faire beaucoup de bruit et pourrait conduire à une intervention militaire".

"Il doit surmonter ses craintes, son retour sera une étape cruciale, Guaido représente l'espoir. S'il lui arrive quelque chose, ça pourra avoir de graves conséquences pour la dictature", affirme quant à lui Mauricio Marcano, 32   ans.

De l'illusion à la frustration

Juan Guaido, 35   ans, s'est proclamé président par intérim le 23   janvier après que le Parlement, dominé par l'opposition, eut déclaré que le deuxième mandat de Nicolas Maduro était "usurpé", en raison d'une réélection entachée de fraude aux yeux d'une grande partie de la communauté internationale.

"S'il ne rentre pas, la cause de l'opposition va subir un important revers. Mais sur le plan intérieur, Juan Guaido n'a guère de capacité de manoeuvre autre que de convoquer des rassemblements. Et il risque de manquer rapidement d'arguments pour entretenir la flamme" avertit Felix Seijas.

Daniel Acosta, un étudiant de 24   ans qui se dit "confiant en Guaido", reconnait que s'il "ne rentre pas, ce sera une frustration de plus" pour beaucoup.

Mais Yamila Vargas, une quinquagénaire au foyer, avertit que "s'ils le touchent, ils vont déclencher un mouvement qui continuera ce qu'il a commencé. Ça ne va pas s'arrêter là" parie-t-elle.

Avec AFP