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Aux États-Unis, plus de 4 500 enfants migrants agressés sexuellement en détention

Plus de 4 500 agressions sexuelles ont été commises sur des enfants migrants non accompagnés durant les quatre dernières années aux États-Unis, révèle un député de Floride. Un phénomène que la politique de séparation de Donald Trump a aggravé.

Le gouvernement fédéral américain a reçu 4 556 plaintes entre 2014 et 2018 concernant des abus sexuels commis sur des mineurs non-accompagnés dans des centres de détention pour migrants aux États-Unis, a révélé mardi 26 le député de Floride, Ted Deutch (démocrate), documents du HHS [Health and Human services, le département de la santé et services sociaux] à l'appui. Les chiffres montrent une augmentation de ces abus depuis la mise en place par l'administration Trump d'une politique de séparation stricte des familles d'immigrants lorsqu'elles demandent l'asile à la frontière.

"Ce comportement, il est méprisable, dégoûtant, et ce n'est que le début des questions auxquelles le HHS devra répondre sur la manière dont ils gèrent ce qui se passe dans ces centres", a affirmé Ted Deutch à Axios, site d'informations américain ayant été le premier à publier les documents.

Selon les documents du HHS, le bureau des réfugiés – émanation de l'HHS– a recueilli 4 556 signalements entre octobre 2014 et juillet 2018. Parmi ceux-ci, 1 303 plaintes, jugées les plus sérieuses, ont été adressées au ministère de la Justice. Les cas d'abus sexuels énumérés par le rapport prennent plusieurs formes : baisers inappropriés, exposition à des images pornographiques, caresses ou encore viols. La majorité de ces actes ont été perpétrés par des mineurs sur d'autres mineurs. Cependant, dans 197 affaires, il s'agirait d'adultes.

Le rapport s'est retrouvé au centre des auditions du comité judicaire de la Chambre des Représentants, jeudi 28 février. Ted Deutch a fait le lien entre la politique de Donald Trump de "tolérance-zéro" à la frontière entre mars et juillet 2018 et ces abus. Cette politique migratoire, appliqué de mars à juillet 2018, impliquait la séparation quasi-systématique des familles d'immigrants demandant l'asile. Au total, près de 3 000 enfants ont ainsi été séparés de leurs parents.

"Ces documents nous montrent qu'il y a un problème avec les adultes, employés par le HHS, qui abusent sexuellement des enfants", a affirmé Ted Deutch lors de l'audition

Le HHS se défend de tout manquement

"Les équipes du HHS ne sont pas concernées par ces allégations", a rétorqué Jonathan White, représentant du HHS qui supervise notamment le sujet des conditions de détention des mineurs pour l'institution, selon des propos rapportés par le Guardian. Jonathan White affirme que chaque fois qu'une agression a été signalée, une enquête sérieuse s'ensuivait. Et transmise au ministère de la Justice, pour des poursuites, lorsque l'agression était avérée.

"La sécurité des mineurs est notre priorité dans le cadre de notre programme concernant les mineurs non accompagnés. Chacun de nos centres d'hébergement standard dispose d'un agrément de l'État en matière de protection de l'enfance. Nous avons mis en place des prérequis rigoureux et les antécédents des employés sont systématiquement vérifiés", explique Caitlin Oakley, porte-parole du HHS, cité par Axios.

En décembre 2018, deux enfants guatémaltèques sont morts après leur placement en détention par les autorités migratoires américaines. Plus que jamais, les centres de détention pour mineurs sont sous le feu des critiques aux États-Unis.