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Prison à vie pour sept accusés des attentats du Bardo et de Sousse

Sept accusés ont été condamnés à la perpétuité en Tunisie pour leur rôle dans les attentats de Bardo et de Sousse, en 2015. Cinquante-deux personnes avaient trouvé la mort dans ces deux attaques.

La justice tunisienne a condamné sept accusés à la prison à vie dans les procès des attentats du Bardo et de Sousse en 2015, a indiqué vendredi 9 février à l'AFP le porte-parole du parquet, Sofiène Sliti.

D'autres accusés ont été condamnés à des peines allant de 16   ans à 6   mois de prison, 27 accusés ont bénéficié d'un non-lieu, et aucune condamnation à mort n'a été prononcée, a ajouté le porte-parole.

Le tribunal de première instance de Tunis a décidé de faire appel dans les deux affaires, a-t-il encore dit.

Pour le procès de l'attaque contre le musée du Bardo, trois accusés ont été condamnés à la prison à vie pour "homicide volontaire", "participation dans un homicide volontaire" et "agression visant le changement de l'aspect civil de l'État".

Dans ce même procès, des peines d'emprisonnement allant de 16   ans à un an ont été prononcées et une dizaine d'accusés ont bénéficié d'un non-lieu, selon la même source.

Amphétamines dans le corps d’un tireur

Au total, 25 accusés ont été poursuivis dans le cadre de l'attentat contre le musée du Bardo, dont 22 se trouvaient en détention et trois en liberté.

Vingt-deux personnes, un agent de sécurité tunisien et 21 touristes, avaient été tuées dans cette attaque, le 18 mars   2015. Parmi elles, quatre Français, quatre Italiens, trois Japonaises et deux Espagnols.

Les investigations ont montré la présence d'amphétamines dans le corps de l'un des tireurs, Yassine Laabidi, né en 1990. Le deuxième assaillant, Jaber Khachnaoui, né en 1994, s'était rendu en Syrie en décembre   2014 en passant par la Libye.

Dans l'affaire de l'attaque contre un hôtel à Sousse, quatre accusés ont été condamnés à la prison à vie pour également "homicide volontaire", "participation dans un homicide volontaire" et "agression visant le changement de l'aspect civil de l'État".

Cinq accusés ont été condamnés à des peines variant entre six ans et six mois, et 17 accusés ont bénéficié d'un non-lieu, a précisé Sofiène Sliti. Au total, 26 personnes ont été poursuivies dans cette affaire, dont 18 en détention et 8 en liberté.

L'attentat de Sousse, dans lequel 30 Britanniques avaient été tués le 26 juin   2015, fait aussi l'objet d'une procédure devant la Cour royale de justice de Londres, visant à reconstituer les faits.

Trente-neuf personnes avaient trouvé la mort dans cette attaque perpétrée par Seifeddine Rezgui, un étudiant, qui avait abattu des touristes sur la plage avant de pénétrer dans un hôtel où il a continué à faire feu à coups de grenade et de kalachnikov. Il avait fini par être abattu.

Les accusés ont été jugés en vertu d'une loi antiterroriste adoptée à l'été   2015. Les deux procès sont suivis avec une grande attention dans plusieurs pays européens dont étaient originaires de nombreuses victimes.

"La motivation intime des accusés ne semble pas intéresser le tribunal"

Les dépositions des accusés lues lors des audiences ont mis en évidence d'importants liens entre les deux attentats, tous deux revendiqués par le groupe jihadiste État islamique (EI).

Certains accusés désignent un même homme, Chamseddine Sandi, comme le cerveau des attentats. Poursuivi, selon des avocats, dans les deux affaires comme d'autres accusés, ce suspect aurait été abattu en 2016 dans un raid américain en Libye, selon des médias tunisiens.

Lors de l'attentat contre le musée du Bardo, le premier en Tunisie à être revendiqué par l'EI, les deux assaillants avaient également blessé 43 personnes, avant d'être abattus par les forces de sécurité.

Rares sont les dépositions à avoir apporté un réel éclairage sur les faits.

Nombre d'accusés ont été uniquement poursuivis pour avoir été en contact via une application de messagerie avec d'autres suspects en fuite.

"On sait qu'il y a un organisateur central et deux tireurs, mais la motivation intime des accusés ne semble pas intéresser le tribunal, et les débats sur les faits sont restés très courts", déplorait récemment un des avocats des victimes françaises, Gérard Chemla.

Avec AFP