Pour leur acte XIII, les Gilets jaunes ont manifesté en ordre dispersé samedi, après presque trois mois de contestation. Un manifestant a eu une main arrachée lors d'incidents devant l'Assemblée nationale à Paris.
Des rassemblements multiples, à l'ampleur incertaine et brouillés par des querelles autour d'éventuelles récupérations politiques : pour leur acte XIII, samedi 9 février, les Gilets jaunes manifestaient en ordre dispersé samedi, après presque trois mois de contestation.
Un manifestant présent dans le cortège parisien a eu la main arrachée samedi à la mi-journée, à hauteur de l'Assemblée nationale, où les tensions étaient vives, a constaté un journaliste de l'AFP.
Cet homme a été évacué par les pompiers de l'Assemblée, un bandage au bout de l'avant-bras, selon le journaliste de l'AFP. Des membres des services de secours des Gilets jaunes ont évoqué une main arrachée, également clairement visible sur des images diffusées en direct par la chaîne de télévision RT. La cause de la blessure n'était pas connue dans l'immédiat.
Selon le ministère de l'Intérieur, 51 400 personnes se sont mobilisés en France, dont 4 000 à Paris. La même source évoquait 58 600 la semaine précédente.
Le comptage émanant des Gilets Jaunes, qui s'appuie sur l'addition des chiffres données par la presse locale aux différentes manifestations partout en France, évoque pour sa part 111 010 manifestants dans tout le pays.
"Principe de non-déclaration des manifestations"
À Paris, une manifestation au départ de la place de l'Étoile a débuté vers 10 h 30 et trois rassemblements ont également été déclarés, relayés par le chauffeur-routier Éric Drouet, une des principales figures du mouvement.
Mais "la particularité de cette journée est un retour au principe de non-déclaration des manifestations", selon la préfecture de police.
En régions, Bordeaux et Toulouse, pôles contestataires depuis plusieurs semaines, souvent avec des heurts, prévoient un rassemblement. Diverses manifestations et actions étaient également programmées dans d'autres villes : Montpellier, Lille, Nantes, Rennes, Brest, Caen, Lorient... Une fragmentation à l'image des tiraillements au sein des Gilets jaunes.
D'un côté, certains souhaitent faire prospérer la colère sociale, quitte à remiser leur méfiance des syndicats pour manifester main dans la main avec la CGT : une première mardi qui a rassemblé 137 200 personnes en France, selon l'Intérieur, plus que lors des dix derniers actes des Gilets jaunes.
Récupération
De l'autre, nombre d'entre eux veulent éviter à tout prix une récupération politique, au moment où Rome multiplie les encouragements au mouvement dans la perspective des élections européennes.
Luigi Di Maio, chef de file du Mouvement 5 É toiles et numéro deux du gouvernement italien, a semé la zizanie en rencontrant mardi Christophe Chalençon, une figure controversée qui a appelé à installer un ancien militaire au pouvoir, et d'autres membres d'une liste de Gilets jaunes montée pour ces élections.
Une rencontre impromptue, organisée à l'insu de la tête de liste, Ingrid Levavasseur, et qui a provoqué une crise diplomatique historique entre l'Italie et La France.
Le chef de l'État semble lui récolter les fruits politiques de son grand débat, avec un redressement de sa côte de popularité dans les sondages. Jeudi, il a tenté d'impliquer les plus jeunes dans la consultation pendant un déplacement en Saône-et-Loire.
Cette embellie n'est pas pour autant synonyme d'affaiblissement des Gilets jaunes aux yeux de l'opinion. Selon un sondage YouGov diffusé jeudi, près de deux Français sur trois (64 %) continuent de "soutenir" leur mouvement, soit deux points de plus en un mois, et 77 % (+3) jugent leur mobilisation justifiée.
Avec AFP