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Pendant trois jours, le pape François effectue une visite historique de trois jours à Abu Dhabi, ponctuée par une rencontre avec l'imam d'Al-Azhar, sommité de l'islam sunnite, et une messe dans un stade de la capitale, mardi.
Le pape François est le premier chef de l'Église catholique à fouler le sol de la péninsule arabique, berceau de l'islam. Le souverain pontife est arrivé, dimanche 3 février, à Abu Dhabi, capitale de la fédération des Émirats arabes unis, pour une visite historique qui doit être dominée par la dialogue entre les religions. La messe papale de mardi, présentée comme le plus grand rassemblement à se tenir dans le pays, doit accueillir plus de 130 000 fidèles.
Environ un million de catholiques, des travailleurs asiatiques pour la plupart, vivent aux Émirats où ils peuvent pratiquer leur religion dans huit églises. À l'approche de la visite, le père Elie Hachem, qui officie à la cathédrale Saint-Joseph, s'extasie et n'a que le mot "historique" à la bouche. Selon lui, le pape vient avec "un message de paix".
"Priez pour moi"
Je pars pour les Emirats Arabes Unis. Je vais dans ce Pays comme un frère, pour écrire ensemble une page de dialogue et pour parcourir ensemble des chemins de paix. Priez pour moi !
Pape François (@Pontifex_fr) 3 février 2019Depuis le début de son pontificat, le pape s'est rendu à plusieurs reprises dans des pays dont la population est majoritairement musulmane, comme l'Égypte, l'Azerbaïdjan, le Bangladesh et la Turquie. En mars, il est attendu au Maroc.
"Mufti du terrorisme"
Les Émirats ont toujours cherché à projeter l'image d'un pays ouvert et tolérant, même si ce pays pratique une politique de "tolérance zéro" à l'égard de toute dissidence et notamment celle des adeptes de l'islam politique incarné par les Frères musulmans. La rencontre prévue entre le pape et l'imam d'Al-Azhar, l'institution phare de l'islam sunnite qui se trouve au Caire, cheikh Ahmed al-Tayeb, doit démontrer une ouverture sur les religions.
Anwar Gargash, ministre d'État émirati aux Affaires étrangères, n'a pas manqué d'y faire référence dimanche dans un tweet où il a égratigné le Qatar, boycotté par son pays et trois de ses alliés, qui l'accusent de soutenir des islamistes radicaux, ce que dément Doha.
Il a souligné la différence entre ceux qui accueillent le "mufti du terrorisme", en référence au religieux Youssef al-Qardaoui, considéré comme le chef spirituel des Frères musulmans qui est protégé par le Qatar, et son pays qui accueille des symboles de "tolérance et d'amour" que sont le pape et l'imam d'Al-Azhar.
Après Amnesty International, Human Rights Watch (HRW) a appelé dimanche le pape François à profiter de sa visite pour soulever la question des violations des droits humains au Yémen, où les forces armées des Émirats interviennent aux côtés de l'Arabie saoudite, et celle de la répression des opposants sur le territoire des Émirats.
Le Yémen évoqué avant le départ
Le pape François s'est justement exprimé sur le Yémen depuis le Vatican, après la prière de l'Angélus, une heure avant de s'envoler pour les Émirats arabes unis. "Je lance un appel à toutes les parties intéressées et à la communauté internationale pour favoriser de manière urgente le respect des accords établis, assurer la distribution de la nourriture et travailler pour le bien de la population", a-t-il dit. a justement demandé aux parties impliquées dans le conflit au Yémen de "favoriser de manière urgente le respect des accords établis" en faveur d'une trêve dans la ville portuaire de Hodeida, essentielle pour l'acheminement de l'aide humanitaire.
"Je suis avec grande préoccupation la crise humanitaire au Yémen. La population est épuisée par le long conflit et de très nombreux enfants souffrent de la faim, mais on ne réussit pas à accéder aux dépôts alimentaires", a-t-il déploré. "Le cri de ces enfants et de leurs parents monte devant Dieu", a lancé le pape argentin invitant les fidèles à prier pour ce pays.
"Prions fort, car il y a des enfants qui ont faim, qui ont soif, n'ont pas de médicaments et sont en danger de mort", a-t-il ajouté, une phrase improvisée qui n'était pas dans son discours.
Le pape François doit avoir un entretien privé lundi avec le prince héritier d'Abu Dhabi, Mohammed ben Zayed Al-Nahyane, homme fort des Emirats. Le souverain pontife pourrait discrètement évoquer avec lui la situation au Yémen voisin.
Avec AFP