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Washington annonce son retrait du traité nucléaire FNI passé avec Moscou

Washington a annoncé vendredi son retrait prochain du traité FNI, un accord crucial sur les armes nucléaires de portée intermédiaire, conclu avec la Russie pendant la guerre froide.

L'accord date de la guerre froide. Ce qui n'a pas empêche les États-Unis d'annoncer vendredi 1er février leur retrait prochain du traité FNI (INF en anglais, pour Intermediate-Range Nuclear Forces) sur les armes nucléaires de portée intermédiaire, conclu avec la Russie en 1987.

"Demain les États-Unis vont suspendre leurs obligations dans le cadre du traité FNI et lancer le processus de retrait", qui "sera achevé dans six mois à moins que la Russie respecte ses obligations en détruisant tous ses missiles, lanceurs et équipements qui violent le texte", a déclaré le président Donald Trump dans un communiqué.

Mike Pompeo, le chef de la diplomatie américaine, a assuré que Washington était néanmoins "prêt" à continuer de discuter avec la Russie "au sujet du désarmement".

De son côté, Moscou a mis en garde Washington vendredi contre un retrait "extrêmement irresponsable" du traité FNI, à la veille de l'expiration de l'ultimatum lancé par Washington à Moscou.

"Nous considérons que ce traité est nécessaire. Il est dans l'intérêt de notre sécurité, de la sécurité européenne. Il serait extrêmement irresponsable de le saper par des actions unilatérales", a déclaré le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Riabkov, selon des propos retransmis à la télévision.

La diplomatie russe a également dénoncé la décision des États-Unis en affirmant que celle-ci s'inscrivait dans la "stratégie" américaine de "s'affranchir de ses obligations" internationales.

Soutien de l'Otan au retrait américain

Signé entre l'URSS et Washington en 1987, le traité FNI abolit l'usage des missiles terrestres d'une portée de 500 à 5 500 km. Pour la première fois, les deux puissances s'engagent à détruire une classe entière de missiles nucléaires.

Au moment de la signature à Washington, le traité est salué comme "historique", ouvrant la voie à une nouvelle ère dans les relations entre les blocs est et ouest. En tout, ce sont 2 692 missiles qui seront détruits avant 1991, soit la quasi-totalité des missiles nucléaires de portée intermédiaire, et un peu plus de 4 % de l'arsenal nucléaire total des deux pays en 1987.

En octobre dernier, Donald Trump avait déjà indiqué son intention de s’en retirer, au motif que Moscou ne le respectait pas.

Début décembre, depuis Bruxelles et avec le soutien de l'Otan, Mike Pompeo avait donné à la Russie 60 jours, jusqu'au 2 février, pour démanteler ses nouveaux missiles de longue portée violant le traité aux yeux des Américains et de l'Alliance atlantique. Faute de quoi, il avait menacé de lancer la procédure de retrait, qui s'étend sur six mois.

L'Otan a apporté son soutien vendredi au retrait américain du traité, appelant Moscou à revenir dans les six mois à "un respect total et vérifiable" de ses obligations en matière de désarmement.

"Les Alliés appuient pleinement cette démarche", a indiqué l'Otan dans un communiqué, diffusé dans la foulée de l'annonce des États-Unis. "La Russie enfreint de manière importante le traité FNI et doit utiliser les six prochains mois pour revenir à une conformité totale et vérifiable ou assumer l'entière responsabilité de sa disparition", a, de son côté, indiqué Jens Stoltenberg, secrétaire général de l'Otan.

Russia is in material breach of the #INFTreaty & must use next 6 months to return to full & verifiable compliance or bear sole responsibility for its demise. #NATO fully supports the US suspension & notification of withdrawal from the Treaty: https://t.co/VOhUB0HoAd pic.twitter.com/28Rwicqr8o

  Jens Stoltenberg (@jensstoltenberg) February 1, 2019

La Russie dément ces accusations "sans fondement", accusant en retour Washington de violer le traité.

Avec AFP