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Le président brésilien s'est efforcé, mardi, de séduire les industriels réunis à Davos, en Suisse, pour le Forum économique mondial. Quitte à teinter son discours d'un peu d'écologie pour satisfaire son public et attirer les investissements.

Climato-sceptique notoire, Jair Bolsonaro a adopté un ton plutôt conciliant devant le public du Forum économique mondial, généralement acquis à la lutte contre le réchauffement, mais également attaché à ses jets privés. Le nouveau président brésilien a mis à profit son passage à Davos, mardi 22 janvier, pour étriller la gauche et s'attirer la sympathie des grands patrons et décideurs mondiaux.

"Le Brésil a besoin de vous et l'inverse est vrai aussi", a lancé le président d'extrême droite lors de son baptême du feu international devant les hauts responsables économiques et politiques réunis comme chaque année dans la station de ski des Alpes suisses.

Promettant aussi bien des baisses d'impôt qu'une réduction des barrières réglementaires et une amélioration du climat des affaires, il a dit vouloir "présenter un nouveau Brésil", dans un discours bref. Le nouveau leader brésilien est apparu relativement crispé, accroché à ses notes, pendant son discours et la courte séance de questions-réponses qui a suivi.

Record de jets privés

Un nouveau record de 1 500 vols en jets privés est attendu cette semaine dans les aéroports avoisinant Davos, selon un communiqué de la société d'affrètement Air Charter Service (ACS), soit 200 plus que l'an dernier. Jair Bolsonaro a assuré que "l'environnement et les efforts de développement devaient avancer main dans la main", alors que son programme économique fait trembler de nombreux militants écologistes.

L'organisateur historique du Forum économique mondial, Klaus Schwab, a lui résumé l'état d'esprit de l'auditoire en souhaitant "le meilleur" au nouveau président brésilien, et en louant les "grandes opportunités" s'ouvrant selon lui dans le pays.

Jair Bolsonaro a aussi mis à profit son passage devant un auditoire acquis au libéralisme économique pour étriller la gauche en Amérique latine, un discours familier aux Brésiliens mais plus inattendu sur la scène internationale. "La gauche ne s'imposera pas dans la région ce qui, de mon point de vue, est une bonne chose", a-t-il assuré, disant refuser que la région devienne "bolivarienne".

Mike Pompeo, que les organisateurs du Forum économique mondial ont convaincu de s'exprimer par visioconférence en l'absence de Donald Trump et de toute sa délégation pour cause de "shutdown", y est aussi allé de son commentaire politique.

"Au cours des dernières années, à travers le monde, les électeurs ont renvoyé chez eux des politiques et des alliances politiques dont ils estimaient qu'ils ne représentaient pas leurs intérêts", a dit le secrétaire d'Etat, parlant de "chamboulements positifs."

Il a cité en exemple ces "nouvelles directions choisies par les peuples", le Brexit, "la montée du Mouvement 5 Etoiles en Italie", l'élection de Jair Bolsonaro et de Donald Trump. Mais aussi celle d'Emmanuel Macron. Un parallèle surprenant, au moment où le président français est lui-même confronté à une contestation sociale, celle des Gilets jaunes.

Un Davos terne

Ces interventions n'ont toutefois pas mis en ébullition un rendez-vous de Davos privé, cette année, des têtes d'affiches qui avaient animé l'édition 2018, Donald Trump et Emmanuel Macron en tête.

L'ambiance parmi les quelque 3 000 grands patrons et décideurs politiques rassemblés jusqu'à vendredi à Davos, transformé tous les ans en camp retranché, est "presque terne. Un manque d'énergie, un manque de conviction", juge l'économiste Kenneth Rogoff, grand habitué des lieux.

Charge donc aux Européens - la chancelière allemande Angela Merkel accompagnée de sa dauphine désignée Annegret Kramp-Karrenbauer, et le chef du gouvernement italien Giuseppe Conte - ou à l'importante délégation chinoise d'animer le reste de la semaine...

Avec AFP