Limogés pour leur incurie, plusieurs dirigeants de banques ayant contracté des milliards de dollars de dettes ont été sommés par la présidente de l'agence anti-corruption de Nigeria, Farida Waziri (photo), de rembourser leur dû.
AFP - Un ultimatum imposé à d'influents hommes d'affaires au Nigeria pour rembourser leurs dettes auprès de cinq banques importantes du pays a expiré mardi, et ils risquent désormais des sanctions, a annoncé l'agence anti-corruption.
"L'ultimatum (...) expire aujourd'hui (mardi). J'espère que certains d'entre eux sont encore en train de se dépêcher de payer", a déclaré la présidente de la Commission des crimes économiques et Financiers (EFCC), Farida Waziri, lors d'une conférence de presse à Lagos.
Certains débiteurs ont effectué des paiements depuis l'entrée en vigueur de l'ultimatum il y a une semaine, mais le montant global de ces remboursements n'était pas encore disponible, a-t-elle précisé.
Ceux qui n'ont pas réglé leur dû "doivent se préparer aux conséquences", a prévenu mardi l'EFCC dans un communiqué. L'agence avait indiqué qu'elle allait "les arrêter, les poursuivre en justice et confisquer leurs biens".
Le secteur bancaire du pays est secoué par une crise depuis l'annonce le 14 août du limogeage par la Banque centrale du Nigeria (CBN) des dirigeants des cinq banques, en raison de leur mauvaise gestion et de milliards de dollars de dettes.
Selon le gouverneur de la CBN, l'encours de prêts de l'Afribank, l'Union Bank, l'Intercontinental Bank, l'Oceanic Bank et de la FinBank a atteint 2.800 milliards de nairas (12,6 milliards d'euros).
La CBN a diffusé dans les médias les noms des principales sociétés débitrices et de leurs dirigeants, ainsi que les montants de leurs dettes. Parmi eux figurent de très influents et richissimes hommes d'affaires nigérians.
Estimant que la situation était "très grave", Mme Waziri a évoqué un "sabotage économique" du Nigeria par "quelques individus" qui ont souscrit des emprunts sans garanties.
L'EFCC détient actuellement une quinzaine d'ex-directeurs de ces établissements, dont trois ex-directeurs généraux. Les patrons de l'Intercontinental Bank et de l'Oceanic Bank sont eux recherchés et poursuivis pour fraude. Selon les médias, ils auraient quitté le pays.
De nouveaux dirigeants bancaires ont été nommés et l'Etat a déjà engagé 400 milliards de nairas (1,8 milliard d'euros) pour renflouer les cinq établissements et leur éviter une faillite.
L'agence de lutte contre la corruption estime que certains emprunts ont été souscrits sans l'accord des conseils des banques, ou bien sur la base de conditions fictives.
Elle a transféré lundi une centaine de ses employés d'Abuja, la capitale fédérale, à Lagos, la capitale économique. Mme Waziri a également pris ses quartiers à Lagos, où elle devrait rester une quinzaine de jours, a précisé le porte-parole de l'EFCC, Femi Babafemi.