Bruno Le Maire a estimé mardi que Carlos Ghosn, arrêté lundi au Japon, n'était "plus en état de diriger Renault" et a demandé la mise en place d'une gouvernance intérimaire pour le constructeur automobile français.
Carlos Ghosn n'est "de fait plus en état de diriger le groupe" Renault. C'est ce qu'a estimé Bruno Le Maire, mardi 20 novembre sur FranceInfo, au lendemain de l'arrestation du PDG à Tokyo, accusé de malversations par la justice japonaise. Le ministre de l'Économie a demandé une gouvernance intérimaire pour le groupe automobile, dont l'État détient 15 %.
"Nous n'allons pas demander le départ formel de Carlos Ghosn au conseil d'administration pour une raison simple : nous n'avons pas de preuve" l'accusant, a souligné le ministre. Il a précisé qu'il se réunirait "dès ce matin" avec les administrateurs de l'État au sein du groupe ainsi que l'administrateur de référence Philippe Lagayette "pour leur demander de mettre immédiatement une gouvernance intérimaire puisque Carlos Ghosn est aujourd'hui empêché de diriger l'entreprise".
"Je souhaite que le conseil d'administration se réunisse le plus vite possible, dans les heures qui viennent, qu'il désigne une gouvernance intérimaire", a également exigé Bruno Le Maire. Un porte-parole de Renault a confirmé à l'AFP que le conseil d'administration se réunirait mardi "dans la soirée".
Si ces faits étaient avérés, "cela serait d'une gravité considérable"
Le ministre a assuré que l'administration française n'avait identifié aucune fraude fiscale en France de la part du PDG. "Dès que j'ai appris la nouvelle [de sa garde à vue] nous avons avec [le ministre de l'Action publique] Gérald Darmanin demandé à nos services de vérifier la situation fiscale de Carlos Ghosn en France". Or "il n'y a rien de particulier à signaler sur la situation fiscale de Carlos Ghosn en France", a assuré le ministre.
Bruno Le Maire a toutefois prévenu que si ces faits étaient avérés, "cela serait d'une gravité considérable". Et il poursuit : "Dissimuler, frauder le fisc, c'est d'une gravité d'autant plus considérable qu'on a une position élevée et un salaire très élevé".
"Je n'ai pas à avoir de doute, je n'ai pas à avoir de suspicions. Je dois disposer de preuves avant de prendre une décision", a affirmé le ministre, pour qui la responsabilité de l'État est d'assurer "la stabilité de Renault, l'avenir de Renault, et la consolidation de l'Alliance" avec Nissan.
Bruno Le Maire a également assuré qu'il appellerait "dès ce matin" les autorités japonaises pour leur "rappeler l'attachement de la France à l'attachement de l'alliance entre Renault et Nissan". Le conseil d'administration de Nissan doit se prononcer jeudi sur le limogeage de son président Carlos Ghosn. Mitsubishi Motors (MMC) a annoncé une décision similaire, mais dans le même temps son directeur général a dit mardi que l’alliance avec Renault et Nissan serait difficile à gérer sans Carlos Ghosn.
Avec AFP