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Affaire Khashoggi : des enregistrements turcs transmis à Riyad, Washington et Paris

Le président turc a affirmé samedi avoir transmis à plusieurs capitales des enregistrements portant sur le meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi. Le cas de l'éditorialiste a été abordé à Paris par les présidents français et américain.

L’affaire Khashoggi a été au cœur du tête-à tête à l'Élysée entre Emmanuel Macron et Donald Trump, samedi 10 novembre, en marge des commémorations du centenaire de la fin de la Première Guerre mondiale. Les deux dirigeants ont estimé que l'Arabie saoudite devait fournir des "éclaircissements complets" sur l'assassinat du journaliste saoudien le 2   octobre à Istanbul, selon une source à l'Elysée.

Le président français et son homologue américain se sont accordés sur le fait que ce dossier ne devait pas constituer un facteur de déstabilisation supplémentaire dans la région, a rapporté la même source.

Ces prises de positions interviennent alors que le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a jeté un pavé dans la mare, un peu plus tôt dans la journée de samedi. Lors d'une conférence de presse télévisée, le président turc a affirmé qu'il avait transmis les enregistrements portant sur le meurtre du journaliste à plusieurs capitales, dont Riyad, Washington et Paris.

Aucun document écrit partagé

"Nous avons donné les enregistrements, nous les avons donnés à l'Arabie saoudite, nous les avons donnés à Washington, aux Allemands, aux Français, aux Anglais", a-t-il affirmé. "Ils ont écouté les conversations qui ont eu lieu ici, ils savent." La présidence turque a ensuite précisé que les enregistrements ont été écoutés, mais qu'aucun document écrit n'a été partagé.

L'éditorialiste Jamal Khashoggi, collaborateur du Washington Post, a été tué par un commando saoudien le 2   octobre au consulat saoudien d'Istanbul, où il s'était rendu pour des démarches administratives.

Après avoir d'abord fermement nié son meurtre, les autorités saoudiennes ont fini par affirmer que le journaliste avait été tué au cours d'une opération "non autorisée" par Riyad.

Mais dans une tribune publiée le 2   novembre par le Washington Post, le président Erdogan a accusé les "plus hauts niveaux du gouvernement saoudien" d'avoir commandité le meurtre, tout en épargnant le roi Salmane.

La presse turque proche du pouvoir et des responsables turcs s'exprimant sous couvert d'anonymat n'ont en revanche eu de cesse d'impliquer directement le prince héritier, Mohammed ben Salmane. Ils ont rapidement affirmé qu'Ankara détenait un enregistrement audio du meurtre et qu'il avait été partagé avec la directrice de la CIA, Gina Haspel, lors d'un déplacement en Turquie fin octobre.

Mais, jusqu'ici, l'existence de tels enregistrements n'avait pas encore été confirmée officiellement.

Avec AFP