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Au Bénin, le chef de l'opposition n'ira pas à son procès pour trafic de drogue

Le principal opposant du président béninois Patrice Talon, l'homme d'affaires Sébastien Ajavon, ne se rendra pas à son procès jeudi, ont annoncé mercredi ses avocats. Ils dénoncent de "graves irrégularités" dans la procédure.

Sébastien Ajavon a préféré la manière forte. Alors qu'il séjourne depuis plusieurs semaines en France, l'opposant politique et hommes d'affaires béninois ne se rendra pas à son procès jeudi à Cotonou, dans lequel il est mis en cause pour trafic de cocaïne, a annoncé mercredi 17 octobre dans un communiqué l'un de ses avocats français, Éric Dupont-Moretti.

"Sébastien Ajavon a décidé, sur les recommandations de ses conseils, de ne pas comparaître en personne lors de cette audience, compte tenu des graves irrégularités de la procédure et du caractère absurde et mensonger de l'accusation portée contre lui", peut-on lire dans le communiqué. Ses avocats sont cependant mandatés "pour dénoncer les atteintes à ses droits et les manquements au procès équitable entachant d'ores et déjà l'entière procédure".

En octobre 2016, Sébastien Ajavon avait été arrêté après la découverte d'environ 18 kg de cocaïne pure, d'une valeur estimée à 9 milliards de francs CFA (14 millions d'euros) dans un conteneur destiné à l'une de ses sociétés. Il avait été relaxé quelques mois plus tard, faute de preuve et "au bénéfice du doute".

Cette relaxe n'a fait l'objet d'aucune procédure en appel, mais l'opposant principal de Patrice Talon, le président du Bénin, a été convoqué le 4 octobre devant un tribunal spécial créé fin août à Porto Novo (sud-est du Bénin), la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet), pour "trafic de drogue international à haut risque" – une infraction punie de 10 à 20 ans de prison.

Des avocats empêchés de plaider

Sébatien Ajavon n'avait pas eu connaissance des faits qui lui étaient reprochés, ni accès au dossier avant l'audience, selon ses avocats, qui estiment que la Criet n'est pas une juridiction d'appel et n'est donc pas compétente pour juger cette affaire.

Les juges avaient en outre refusé à la défense le droit de représenter Sébastien Ajavon en son absence et de prendre la parole, avant de renvoyer l'affaire au 18 octobre, avait constaté l'AFP.

"Sébastien Ajavon se réserve le droit (...) de faire constater l'instrumentalisation de la justice et les manœuvres politiques dont il est victime. Il entreprendra ainsi toute action, de nature tant judiciaire que politique, nécessaire à faire garantir le respect de ses droits et sa participation au processus démocratique", concluent les avocats dans le communiqué.

Candidat à la présidentielle de 2016, Sébastien Ajavon, qui a fait fortune dans l'agroalimentaire, était arrivé troisième avec 23 % des voix, avant de soutenir un autre homme d'affaires, Patrice Talon, qu'il a contribué à faire élire au second tour face à Lionel Zinsou. Mais les relations entre les deux hommes se sont vite dégradées après la présidentielle, Sébastien Ajavon ayant été visé par la justice dans plusieurs affaires.

Avec AFP