![Algérie : des députés refusent l'accès à l'Assemblée à son président Algérie : des députés refusent l'accès à l'Assemblée à son président](/data/posts/2022/07/23/1658596579_Algerie-des-deputes-refusent-l-acces-a-l-Assemblee-a-son-president.jpg)
Saïd Bouhadja n'a pas pu accéder à son bureau, mardi. Le président de l'Assemblée populaire nationale (APN) a été empêché d'entrer dans le bâtiment par quelque 200 députés, qui réclament sa démission et l'accusent de gestion douteuse.
L'entrée de l'Assemblée populaire nationale (APN), la chambre basse du Parlement algérien, a été bloquée durant plusieurs heures, mardi 16 octobre, porte cadenassée, par environ 200 députés de la majorité. Cette action visait le président de l'APN, Saïd Bouhadja, accusé par ses détracteurs de "mauvaise gestion, de dépenses exagérées et illicites et d'un recrutement douteux".
Protestation pacifique
Selon Cheikh Berbara, député du Mouvement populaire algérien (MPA) et proche du pouvoir, au moins 351 députés sur les 462 que compte l'APN, "ont signé en faveur de cette action de protestation pacifique visant à réclamer la démission du président de l'Assemblée".
Les députés ont quitté l'APN mardi à la mi-journée, sans signe de son président, qui avait pourtant promis au site TSA de ne pas avoir "peur" de cette action, selon un journaliste de l'AFP sur place.
Depuis fin septembre, cinq groupes parlementaires exigent sans succès sa démission. Parmi eux, le Front de libération nationale (FLN) du chef de l'État, Abdelaziz Bouteflika, et le Rassemblement national démocratique (RND) du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, détenteurs à eux deux de la majorité absolue.
Ouyahia en personne et le secrétaire général du FLN, Djamel Ould Abbès, lui ont également intimé publiquement de démissionner.
Exclusion
Lundi, le bureau politique du FLN, avait décidé de traduire Bouhadja, membre du parti présidentiel, en conseil de discipline en vue de son exclusion pour "non respect des instructions émanant de la direction politique du parti".
Ni la Constitution ni la loi algériennes ne prévoient de procédure pour destituer le président de l'APN. Depuis trois semaines, le Parlement est ainsi devenu le théâtre de passes d'armes quasi quotidiennes entre son président et ses détracteurs.
Plusieurs partis d'opposition se sont eux insurgés contre le blocage de l'APN, dénonçant une atteinte aux institutions.
Député du Rassemblement pour la Culture et la démocratie (RCD), Ouamar Saoudi, a dénoncé mardi devant la presse "une action qui vient de l'extérieur de l'Assemblée, (...) du bureau politique du FLN".
Des raisons obscures
Ahmed Sadok, président du groupe d'opposition parlementaire du Mouvement de la société pour la Paix (MSP, islamiste), a lui fustigé une "action qui ne fait honneur ni aux députés, ni au Parlement, ni à l'image du pays".
"Si les députés de la majorité ne veulent plus travailler avec Bouhadja (...), il faut que leur action soit légale. Pour le moment, il n'y a rien qui l'empêche d'assumer ses fonctions", a-t-il souligné.
Les motifs réels de cette crise restent flous. Bouhadja attribue ses déboires à sa décision de limoger fin septembre le secrétaire général de l'Assemblée, réputé proche de certains caciques du FLN.
Les activités parlementaires demeurent bloquées. Toufik Touche, président de la commission des Finances, a indiqué mardi à l'AFP que l'APN ne pouvait examiner en l'état le projet de loi de Finances 2019, soumis par Bouhadja.
Avec AFP et Reuters