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Le parquet de Paris requiert un non-lieu dans le dossier sur l'attentat d'Habyarimana au Rwanda

Selon l'AFP, le parquet de Paris a décidé d'abandonner les poursuites contre plusieurs proches du président rwandais Paul Kagame, qui sont mis en cause dans l'attentat qui a coûté la vie au président rwandais Juvénal Habyarimana, en 1994.

Après vingt ans de rebondissements, le parquet de Paris a demandé l'abandon des poursuites contre des proches du président rwandais Paul Kagame, soupçonnés par la justice française d'être impliqués dans l'attentat dans lequel a péri le président du Rwanda Juvénal Habyarimana le 6 avril 1994.

L’avion présidentiel avait été abattu en phase d'atterrissage à Kigali par au moins un missile. L’attentat est considéré comme le déclencheur du génocide qui a fait 800.000 morts selon l'ONU, principalement dans la minorité tutsi.

Le parquet réclame un non-lieu contre les sept protagonistes mis en examen, tous issus du clan de Paul Kagame, estimant que l'enquête n'a pu réunir de "charges suffisantes" à leur encontre, selon son réquisitoire définitif daté du 10 octobre 2018 dont l'AFP a eu connaissance via une source judicaire. 

Vives réactions

La révélation de cette information a suscité de vives réactions. "La position du ministère public est inacceptable. Depuis dix ans, le parquet a lâché les juges d'instruction pour des raisons notamment politiques. La preuve en est que ce réquisitoire arrive précisément au moment de la nomination d'une Rwandaise (Louise Mushikiwabo) à la tête de l'organisation de la francophonie", a réagi Philippe Meilhac, avocat de la veuve de l'ex-président, Agathe Habyarimana, joint par l'AFP.

"Cette étape tend à clore 20 années d'errements (...). Nos pensées vont en ce moment à ceux qui ont toujours affirmé leur innocence", ont déclaré à l'AFP les avocats des sept mis en examen, Bernard Maingain et Léon-Lef Forster.

La décision finale sur la tenue ou non d'un procès est désormais entre les mains des juges d'instruction du pôle antiterroriste.  Depuis plus de 20 ans, ce dossier empoisonne les relations entre Paris et Kigali sur fond de débat sur les responsabilités françaises à l'époque du génocide.

Au Rwanda, une commission d'enquête avait imputé en 2009 la responsabilité de l'attentat aux extrémistes hutu qui se seraient ainsi débarrassés d'un président jugé trop modéré.

En France, une information judiciaire avait été ouverte en 1998 après la plainte des familles de l'équipage, composé de Français, et le premier juge saisi, Jean-Louis Bruguière, avait privilégié une hypothèse opposée: celle d'un attentat commis par des soldats de l'ex-rébellion tutsi du Front patriotique rwandais (FPR), dirigé par Paul Kagamé, devenu président en 2000.

Les relations diplomatiques entre les deux pays avaient été rompues quand le juge avait émis en 2006 neuf mandats d'arrêts contre des proches de Kagame. Elles s'étaient renouées trois ans plus tard après une première mise en examen en France, suivie de six autres, organisées diplomatiquement en 2010 au Burundi voisin.

Avec AFP