logo

Le ministre iranien de la Défense désigné par le président Mahmoud Ahmadinejad est recherché par Interpol pour son implication présumée dans un attentat antisémite qui avait fait 85 morts en Argentine en 1984, selon un procureur argentin.

AFP - La nomination comme ministre iranien de la Défense d'Ahmad Vahidi, recherché depuis 2007 par Interpol pour son implication présumée dans un attentat anti-juif meurtrier, serait "extrêmement grave", a déclaré vendredi le procureur argentin Alberto Nisman.

"Une telle nomination serait extrêmement grave, vu que Ahmad Vahidi est (...) très impliqué dans l'attentat contre le siège de l'AMIA" (Association mutuelle israélite argentine), qui a fait 85 morts en 1994 en Argentine, a dit le procureur.

"Vahidi est non seulement sous le coup d'un mandat d'arrêt de la justice argentine, mais il est aussi l'une de ces personnes dont la recherche fait l'objet d'une priorité maximale, approuvée par Interpol lors d'un vote à la majorité de ses membres en Assemblée générale au Maroc en novembre 2007", a-t-il ajouté.

Un porte-parole du président iranien Mahmoud Ahmadinejad, Ali Akbar Javanfekr, a réagi en affirmant que "cela ne peut être vrai". "Autrement, lui-même et la police iranienne auraient été au courant d'un tel mandat d'arrêt", a-t-il assuré.

"M. Vahidi a été ministre de la Défense adjoint et c'était un poste très important", a-t-il fait valoir, ajoutant : "Il semble donc qu'il s'agisse d'une nouvelle tromperie et, essentiellement, d'une conspiration sioniste".

Interpol avait annoncé dès mars 2007 qu'elle allait émettre des avis de recherche internationaux en vue de l'extradition de cinq dirigeants iraniens, dont M. Vahidi, et un Libanais accusés par la justice argentine d'avoir joué un rôle dans l'attentat contre l'AMIA.

La désignation d'Ahmad Vahidi par le président Mahmoud Ahmadinejad a été soumise au parlement iranien et doit encore recueillir un vote de confiance des députés.

De son côté, la communauté juive argentine a "fermement condamné" cette désignation, "insulte inqualifiable aux victimes de ce massacre et à leurs proches".

"Vahidi, dont un mandat d'arrêt a été émis par Interpol, était le chef des Gardiens de la révolution iraniens et a participé à la réunion des plus hautes autorités de ce régime au cours de laquelle il a été décidé d'attaquer le siège de la communauté juive argentine à Buenos Aires", a déclaré le président de Délégation des associations israélites argentines (DAIA), Aldo Donzis.

Le président de l'AMIA, Guillermo Borger, s'est dit "surpris et indigné". "Cette nomination est honteuse et insultante", a-t-il ajouté.

Fin octobre 2006, des procureurs argentins avaient demandé l'émission de mandats internationaux contre neuf hommes, accusés d'avoir perpétré, avec l'aide de l'organisation chiite libanaise Hezbollah, l'attentat contre l'AMIA qui avait fait également près de 300 blessés.

L'Iran avait rejeté comme "infondés" ces mandats d'arrêt.

La communauté juive argentine a de nouveau réclamé des comptes à l'Iran mardi, lors d'une commémoration du 15e anniversaire de l'attentat contre l'AMIA.

Avec 300.000 membres, la communauté juive argentine est la plus importante d'Amérique latine.