
Au Nicaragua, dans les rues de Managua, dimanche, des manifestants ont appelé à la libération des centaines de personnes emprisonnées depuis le début de la contestation contre le président Daniel Ortega. Un adolescent a été tué.
Le calme précaire de ces dernières semaines au Nicaragua a été rompu par la mort d'un jeune opposant au président Daniel Ortega, qui manifestait dimanche 23 septembre à Managua pour réclamer la libération des "prisonniers politiques". Au moins cinq autres manifestants ont été blessés, ont constaté des journalistes de l'AFP sur place.
Les violences politiques au Nicaragua ont fait plus de 320 morts depuis le début des manifestations en avril dernier contre le régime du président Ortega, accusé de népotisme et de corruption. Des centaines d'opposants ont été arrêtés et accusés de "terrorisme" ou autres délits. Ces arrestations massives et les menaces de Daniel Ortega de poursuivre en justice les récalcitrants n'ont cependant pas brisé l'opposition, qui continue à appeler à manifester.
Le rassemblement de dimanche avait pour slogan "Nous sommes la voix des prisonniers politiques", il était organisé par des proches d'au moins 500 manifestants emprisonnés depuis le début de la crise, le 18 avril dernier.
La veille, Daniel Ortega avait rejeté l'idée de reprendre le dialogue avec ses opposants sous l'égide de l'Église catholique et a de nouveau refusé d'avancer à 2019 les élections prévues en 2021.
"Ils tiraient à vue"
Max Murillo, le jeune opposant tué dimanche, a été victime de "tirs croisés", selon un communiqué de la police, qui attribue sa mort aux manifestants. Une tante de l'adolescent âgé de 16 ans a cependant démenti la version policière. Max Murillo, a-t-elle dit "ne voulait pas voir (son) pays soumis à la dictature de Daniel Ortega".
"Les paramilitaires de Daniel Ortega m'ont blessé d'une balle", a déclaré à l'AFP un manifestant âgé de 41 ans. Touché au bras, l'homme, qui était soigné dans une église du quartier Las Américas dans l'est de Managua, a souhaité ne pas révéler son identité. "Ils tiraient à vue, ce sont les paramilitaires. Ils m'ont blessé au cou, près de l'épaule", a déclaré à l'AFP Bryan García, âgé de 15 ans.
"Ce sont les groupes (de paramilitaires) et les policiers anti-émeutes qui nous ont tiré dessus", a renchéri un autre manifestant qui s'est réfugié dans l'église lorsque la fusillade a commencé. Un journaliste, Winston Potosme de la télévision privée "100 % Noticias", a été blessé au bras, tandis qu'une femme a été frappée et une autre blessée grièvement à la poitrine alors que le cortège était dans un autre quartier.
"Assassins !" ont crié à l'adresse de la police des habitants du quartier qui assistaient à la scène depuis leurs maisons. Certains de ces habitants ont essuyé les coups de feu d'hommes armés circulant dans une camionnette noire, sans qu'il y eût de victimes, a constaté une journaliste de l'AFP.
Après la fusillade contre le cortège, beaucoup de manifestants ont quitté les lieux, mais d'autres ont continué leur route vers l'est de la capitale nicaraguayenne, où ils ont été de nouveau en butte au harcèlement de la police.
Avec AFP