Les élections présidentielle et provinciales en Afghanistan représentent un espoir pour les 5 millions d’Afghanes qui cherchent à prendre un rôle plus important dans la société. Mais cette quête n’est pas de tout repos.
Farida, 18 ans, vote pour la première fois, à l'occasion de la seconde élection présidentielle depuis la chute du régime taliban en 2001. "J'étais très heureuse de pouvoir m'inscrire sur les listes et j'irai voter, pour avoir mon mot à dire sur le destin de mon pays", assure à l'AFP cette étudiante en première année de commerce à l’université de Kaboul.
Au total, cinq millions d’Afghanes, sur les 17 millions d’électeurs, sont appelées aux urnes, ce jeudi. Les femmes ne votent pas dans les mêmes bureaux de vote que les hommes, notamment pour leur permettre d'exercer leur droit sans contrainte ni pression.
La plupart d’entre elles semble préférer le président sortant, Hamid Karzaï, qui souffre pourtant d'une baisse de popularité depuis plusieurs mois. “Certaines femmes m’ont dit que c'est Hamid Karzaï qui a apporté la paix dans le pays, qu’il a le plus d'expérience, et qu'elles voulaient qu'il reste au pouvoir”, commente notre envoyée spéciale à Kaboul, Leela Jacinto.
Deux femmes parmi les 41 candidats
Depuis la chute du régime des Taliban en 2001, les progrès sont indéniables. A cette époque, apprendre à lire aux filles était strictement défendu. Aujourd'hui, l'actuelle Constitution afghane garantit l'égalité des droits entre hommes et femmes. Du moins officiellement.
Si les femmes vivant dans les grandes villes sont nombreuses à aller voter, il n'en est certainement pas de même pour la très grande majorité d'entre elles, surtout celles résidant dans les campagnes. Ces dernières vivent sous le joug des traditions et la menace des Taliban, dont l'insurrection s'est considérablement intensifiée ces deux dernières années.
En politique, les femmes ont aussi du mal à exister. Parmi les quelque 41 prétendants à la présidence, deux femmes seulement se sont portées candidates. Et sur les 3 196 candidats aux élections provinciales, 328 sont des femmes. Au moins un quart des sièges leur sont réservés.
Leur vie est un combat quotidien. Des candidates aux Conseils provinciaux ont reçu des menaces de mort, notamment dans le Sud et l'Est, bastions des rebelles fondamentalistes. Le 12 avril, la députée provinciale Sitara Achikzaï, ardente défenseur des droits de la Femme, a été assassinée à Kandahar, dans le sud afghan.
Une loi digne des Taliban
Quelques jours avant le scrutin présidentiel, une loi a été votée à l’encontre des femmes de la minorité chiite, provoquant un tollé de la communauté internationale et des organisations de défense des droits de l’Homme.
Cette loi autorise notamment les hommes à priver leurs épouses d'argent et surtout de nourriture si elles refusent d'accomplir "leur devoir conjugal". Elle stipule aussi que les femmes doivent demander la permission à leur mari pour travailler. Les chiites représentent environ 15 % de la population afghane.
Accusé de légaliser une loi digne du régime des Taliban par les organisations afghanes et internationales, le président Karzaï avait demandé, en avril, une révision du projet de loi. Mais cette loi a finalement été publiée au Journal officiel d'Afghanistan le 27 juillet, sans aucune annonce officielle.