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Imbroglio autour de la convocation de Benalla à la commission d'enquête du Sénat

Alors qu'Alexandre Benalla devrait "prochainement" être convoqué par la commission d'enquête du Sénat, l'avocat de ce dernier a affirmé mardi que son client ne s'y rendrait pas, provoquant une mise en garde des sénateurs.

Alexandre Benalla sera-t-il entendu par la commission d’enquête du Sénat ? Si l’ancien protégé d’Emmanuel Macron n’a pas encore été officiellement convoqué, son éventuelle venue fait déjà débat.

Avant même d’avoir reçu la moindre convocation, l’avocat d’Alexandre Benalla, Me Laurent-Franck Liénard, a fait savoir, mardi 11 septembre, que son client refusait pour le moment de se rendre devant la commission des Lois du Sénat pour y être interrogé, préférant attendre que le volet judiciaire de l’affaire soit clos.

"La décision a été prise hier soir [lundi], dans mon cabinet", a dit l’avocat sur LCI. "Nous avons mesuré les impacts de sa comparution ou de sa non-comparution devant cette commission et nous avons décidé que le mieux à faire était de ne pas y aller."

"Nous avons répondu tout à l'heure au Sénat en disant que nous serions tout à fait disposés à nous rendre à n'importe quelle commission avec plaisir [...] dès la fin de l'information judiciaire", a ajouté Laurent-Franck Liénard, qui a par ailleurs assuré qu’Alexandre Benalla se rendrait bien à la convocation des juges le 28 septembre.

Selon l’avocat, l'ex-adjoint au chef de cabinet d'Emmanuel Macron souhaitait se présenter devant les sénateurs mais il s'est ravisé sur ses conseils.

"Il n'a véritablement rien à cacher de ce dont il peut parler, parce qu'il est évidemment aussi couvert par un certain nombre de secrets", a encore dit l'avocat. "Seulement, quand il est convoqué dans ses conditions-là, avec le battage qui a eu lieu sur cette convocation [...], il est prudent."

"Il n'appartient pas aux personnes convoquées de décider de se présenter ou non"

La réponse du Sénat n’a pas tardé. "Le fait d'être mis en examen ne dispense pas de répondre à une convocation", a affirmé Jean-Pierre Sueur (PS), l’un des rapporteurs de la commission.

"Une convocation sera prochainement adressée à M. Alexandre Benalla pour qu'il apporte à la commission des Lois du Sénat les éléments d'information qui lui sont nécessaires", a ajouté le président de la commission, Philippe Bas (LR). "Il n'appartient pas aux personnes convoquées pour être auditionnées de décider de se présenter ou non à cette convocation", a-t-il ajouté, précisant qu’un refus d’être auditionné par une commission parlementaire était passible de deux ans d’emprisonnement et de 7 500 euros d’amende.

Audition de M. Benalla par la commission des lois : Alexandre Benalla sera tenu de déférer à la convocation qui lui sera adressée pic.twitter.com/2BJUD96Qjn

  Philippe Bas (@BasPhilippe) 11 septembre 2018

Des vidéos montrant cet ex-chargé de mission à l’Élysée, coiffé d'un casque de police, en train de frapper et de malmener des manifestants en marge des manifestations du 1er-Mai à Paris, ont déclenché à la mi-juillet une crise jusque-là inédite par son ampleur depuis le début du quinquennat.

L'opposition de droite et de gauche s'est saisie de l'affaire pour attaquer l'exécutif, accusé d'avoir protégé Alexandre Benalla pour des raisons cachées et d'avoir mis sur pied une police parallèle.

La commission des Lois, dotée de pouvoirs d'enquête sur ce dossier, a auditionné plusieurs personnalités pendant l'été, notamment le secrétaire général de l'Élysée, Alexis Kohler, et le directeur de cabinet d'Emmanuel Macron, Patrick Strzoda.

Les auditions, menées sous la conduite de Philippe Bas, doivent reprendre mercredi, avec entre autres le général Éric Bio-Farina, commandant militaire de l'Élysée, et François-Xavier Lauch, chef de cabinet du président.

Avec AFP et Reuters