
Alors que les secouristes continuent de retrouver des corps dans les décombres, l'Italie a adressé, samedi, un adieu sobre et solennel aux victimes de l'effondrement du pont de Gênes, lors de funérailles nationales.
L'Italie a adressé, samedi 8 août, en fin de matinée, un adieu sobre et solennel aux victimes de l'effondrement du viaduc de Gênes, en présence des plus hauts responsables de l'État et de milliers d'habitants.
De longs applaudissements ont ponctué la lecture des prénoms des 38 morts identifiés et l'évocation des dernières victimes encore sous les décombres.
Les secouristes ont en effet retrouvé samedi à l'aube, écrasée sous un bloc de béton, la voiture dans laquelle voyageaient un couple turinois et leur fillette de neuf ans. Mais un porte-parole des pompiers a précisé qu'il n'était pas possible de confirmer dans l'immédiat combien de personnes y avaient péri. Ce dernier a ajouté que le corps de la dernière personne portée disparue – outre la famille turinoise –, un ouvrier génois âgé d'une trentaine d'années, avait été retrouvé dans les décombres.
Responsables de l'État et les principaux dirigeants d'Autostrade
Lors de la cérémonie, tous les plus hauts responsables de l'État étaient présents, ainsi que les principaux dirigeants d'Autostrade per l'Italia, la société qui exploite le viaduc. "C'est une tragédie inacceptable", a fait valoir à la télévision le président Sergio Mattarella, les yeux rouges, après la fin de la cérémonie, évoquant son engagement "à ce que des enquêtes rapides et rigoureuses aboutissent à des condamnations".
Dix-neuf cercueils étaient alignés sous d'énormes gerbes de fleurs, chacun entouré par une poignée de proches souvent en larmes. Un peu en avant, le petit tout cercueil blanc de Samuele, 8 ans, fauché avec ses parents alors qu'ils partaient pour des vacances en Sardaigne. "J'ai perdu un ami mais je suis venu pour toutes les victimes", a confié un autre habitant, Nunzio Angone, arrivant par l'entrée des proches des victimes.
Les familles d'une partie des victimes avaient cependant choisi de ne pas participer à la cérémonie, certains préférant des funérailles plus intimes et dans leur ville, d'autres annonçant clairement un boycott. "Mon fils a été assassiné", a répété vendredi sur toutes les ondes le père de l'un des quatre jeunes de Torre del Greco, près de Naples, morts sur la route des vacances, en pointant la responsabilité de l'État.
"On ne doit pas mourir de négligence, d'incurie, d'irresponsabilité, de superficialité, de bureaucratisme", a martelé l'archevêque de Naples, Crescenzio Sepe, dans son homélie lors des obsèques des quatre jeunes, célébrées vendredi, comme pour d'autres victimes à travers l'Italie. L'archevêque de Gênes, Angelo Bagnasco, a gardé un ton réconfortant. "Gênes ne se rend pas. L'âme de son peuple est traversée ces jours-ci de mille pensées et sentiments, mais elle continuera à lutter", a-t-il assuré.
Les photos souriantes et les destins brisés des victimes s'affichaient dans tous les journaux italiens : un ancien champion de moto trial, un médecin et une infirmière qui allaient se marier, des jeunes Français partis faire la fête, trois Chiliens qui s'étaient installés en Italie, un routier napolitain qui rentrait après une livraison en France, un couple de retour de voyage de noces...
Drapeaux en berne
Dans tout le pays, les drapeaux sont en berne et les éclairages de nombreux monuments, dont le Colisée à Rome, devraient s'éteindre dans la soirée.
Pour la reprise du championnat de football ce week-end, les joueurs observeront une minute de silence et porteront un brassard noir. Les matchs des deux équipes de Gênes, la Sampdoria et le Genoa, ont eux été reportés. Dirigeants et joueurs des deux clubs sont venus ensemble aux funérailles.
Face à l'émotion et à la colère, le gouvernement a attaqué Autrostrade per l'Italia, la famille Benetton qui contrôle le groupe, l'incurie des gouvernements précédents – même si la Ligue a toujours été un allié au pouvoir de Silvio Berlusconi – et l'Union européenne.
Vendredi, le ministère des Infrastructures a officiellement adressé un courrier à Autostrade en vue de révoquer la concession de la société sur le tronçon du pont.
Les dirigeants comptent faire état de leurs efforts pour fournir "une aide concrète" à la ville, aux proches des victimes et aux centaines de personnes dont les habitations sont condamnées.
Avec AFP