La vague de chaleur que subit l'Europe est un "signe sans ambiguïté" du changement climatique qui l'a rendue "plus probable", selon une étude préliminaire du réseau World Weather Attribution publiée vendredi.
Près du cercle polaire 32,5°C à Kvikkjokk, en Suède ; 33,7°C à Drag, en Norvège ; 41,1°C à Kamagaya au Japon ou encore 52°C dans la Vallée de la mort, en Californie. Une étude conduite par les chercheurs du réseau World Weather Attribution (WWA), publiée vendredi 27 juillet, révèle que la probablité d'avoir une vague de chaleur aussi importante que celle qui frappe l'hémisphère nord est deux fois plus importante que précédemment en raison du réchauffement du climat.
Les chercheurs du WWA, qui avaient déjà estimé que la canicule de l'été 2017 portait bien la trace du changement climatique, ont décidé d'aller plus vite et de ne pas attendre la fin de la vague de chaleur de cette année pour lancer leurs calculs, tout en soulignant d'ailleurs le caractère "préliminaire" de leurs résultats. Ils ont comparé les trois jours consécutifs les plus chauds de la canicule actuelle mesurés dans sept stations météorologiques dans six pays (Finlande, Danemark, Irlande, Pays-Bas, Norvège, Suède) aux trois jours consécutifs les plus chauds enregistrés chaque année par ces mêmes stations dont les données remontent au début du XXe siècle.
Pour l'heure, ils émettent des distinctions entre les diverses régions. Pour les Pays-Bas, le Danemark et l'Irlande, ils estiment que le changement climatique a "multiplié par plus de deux la probabilité de la vague de chaleur actuelle", souligne Geert Jan van Oldenborgh, chercheur à l'Institut météorologique néerlandais KNMI.
En revanche, pour les quatre stations plus au nord, les données leur permettent uniquement de conclure que le changement climatique a augmenté les probabilités de la chaleur actuelle, sans quantifier cette probabilité. "Pour la station dans l'extrême nord, sur le cercle arctique, la vague de chaleur actuelle est tout simplement extraordinaire, sans précédent dans les données historiques", a noté Geert Jan van Oldenborgh.
"2018 s'annonce comme l'une des années les plus chaudes jamais enregistrées, avec des températures record dans de nombreux pays. Ce n'est pas une surprise", a commenté pour sa part la secrétaire générale adjointe de l'Organisation météorologique mondiale (OMM) Elena Manaenkova.
Le dérèglement climatique pas seul en cause
Ces canicules sont "cohérentes avec les effets attendus du changement climatique causé par les émissions de gaz à effet de serre. Ce n'est pas un scénario futur. Ça se produit maintenant", a-t-elle insisté alors que les signataires de l'accord de Paris de 2015 se sont engagés à réduire leurs émissions de CO2 pour contenir le réchauffement au pire à 2°C par rapport à l'ère pré-industrielle.
Interrogé sur France 24, le climatologue Jean-Pascal Van Ypersele, ancien président du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) a affirmé que "climat est bien en train de se réchauffer à l'échelle globale" . "La température moyenne a déjà augmenté de plus d'un degré sur le siècle dernier". En cause : l'accumulation des gaz à effet de serre, et en particulier le CO2, dégagé à chaque fois qu'on brûle du charbon, du pétrole, du gaz ou du bois.
"Ce qui était vu comme une météo exceptionnellement chaude va devenir banal. Dans certains cas c'est déjà le cas", a souligné Friederike Otto, chercheuse au Environmental Change Institude d'Oxford. Mais de manière générale, les scientifiques sont réticents à attribuer au seul dérèglement climatique la survenue d'un événement météo extrême quel qu'il soit.
L'étude complète du réseau World Weather Attribution (WWA) sera publiée à la fin de l'été.
Avec AFP