logo

À deux semaines des législatives, Taro Aso se gargarise de la reprise

Galvanisé par la reprise économique qu'il attribue à son action politique, le Premier ministre japonais, Taro Aso, demeure, à deux semaines de législatives décisives, derrière le leader de l’opposition centriste dans les sondages.

Le Japon a renoué avec la croissance économique au deuxième trimestre 2009 après 15 mois de croissance nulle et de récession. Son produit intérieur brut (PIB) s'est accru de 0,9 % d'avril à juin, alors que le pays avait connu, au premier trimestre 2009, la pire chute de son PIB depuis 1945 avec une contraction de 3,1%.

Ce chiffre, globalement conforme aux prévisions des économistes, s’explique par la reprise des exportations et de la consommation des ménages. C’est sur cette dernière que se sont concentrés les plans de relance successifs du gouvernement, qui ont, par exemple, distribué des "allocations de crise" controversées.

L’État japonais - le troisième plus endetté de la planète - avait en effet annoncé, au printemps, le versement d’une allocation de 12 000 yens (environ 90 euros) à chaque personne, dont les étrangers enregistrés sur le territoire.

L'investissement public a quant à lui bondi de 8,1% par rapport au trimestre précédent, les exportations de 6,3 % et la consommation des ménages a augmenté de 0,8 %. Mais l'investissement en capital a chuté de 4,3 %.

 
La reprise au cœur du débat électoral

En position difficile avant les législatives du 30 août, le Premier ministre japonais, Taro Aso, s’est précipité pour attribuer l’embellie aux mesures de relance gouvernementales.

"L'indicateur de croissance a montré aujourd'hui une reprise pour la première fois depuis 15 mois. Ceci indique que les mesures que nous avons prises ont réussi", a conclu le Premier ministre conservateur lors d’un débat organisé au club de la presse de Tokyo, lundi, en présence de cinq autres responsables de partis politiques japonais.

De son côté, le chef de l'opposition, Yukio Hatoyama, a affirmé que les Japonais ne profitaient pas des fruits de la croissance et accusé les conservateurs du Parti libéral démocrate (PLD) d'avoir fait reculer le niveau de vie moyen au cours des dix dernières années.

"M. Aso affirme que le Japon entrevoit des signes de reprise économique, mais ce n'est pas du tout ce que les gens ressentent en réalité", a dit Yukio Hatoyama. Selon lui, le revenu annuel moyen des Japonais s'était réduit d'un million de yens (7 500 euros) au cours des dix dernières années, "pourtant qualifiées de prospères par les conservateurs du PLD".

C’est justement sur le terrain économique que se jouera le scrutin du 30 août qui, selon tous les sondages, devrait voir l'opposition centriste, menée par le Parti démocrate du Japon (PDJ), remporter les législatives et mettre un terme à plus d'un demi-siècle de domination du PLD au Japon.

L’indice Nikkei insensible à la reprise

Le Japon est le troisième grand pays industrialisé, après l'Allemagne et la France, à annoncer sa sortie de la récession sur le second trimestre.

Mais cette timide reprise est loin de correspondre à une sortie de crise pour l’économie japonaise. Malgré l’annonce de la hausse du PIB, la Bourse de Tokyo a terminé la séance de lundi en baisse de 3,10 %, plombée notamment par l'appréciation du yen face au dollar et le recul marqué des autres marchés asiatiques.

La plupart des analystes ont appelé à la prudence, estimant que l'embellie pourrait prendre fin quand les effets des mesures étatiques commenceront à s'essouffler, en rappelant que le taux de chômage avait atteint en juin son plus haut niveau en six ans (5,4%).

"Cette reprise est soutenue par la politique du gouvernement. On est encore loin d'un rebond durable qui s'accompagnerait d'améliorations en matière d'investissements en capital et d'emploi", a prévenu Kyohei Morita, économiste chez Barclays Capital à Tokyo.

Selon lui, "le prochain test pour l'économie surviendra entre janvier et mars 2010, quand les effets des mesures de relance se seront atténués".