Alors que l'on compte désormais près de 200 morts au Japon dus aux inondations et glissements de terrain, le gouvernement est mis en cause pour sa gestion du risque.
Le bilan s'alourdit de jour en jour au Japon. Les inondations et glissements de terrain dans l'ouest du pays ont tué au moins 199 personnes et, tandis que les recherches continuent, surgit déjà la question de l'évaluation du danger face à des phénomènes inédits.
Les autorités disent être aussi sans nouvelles de plusieurs dizaines de personnes, les médias parlant d'une soixantaine de disparus. Il s'agit déjà de la plus grave catastrophe météorologique depuis 1982 et le bilan s'aggrave de jour en jour. Les recherches se poursuivent avec des chances très amoindries de découvrir des personnes en vie.
"Le délai critique de 72 heures est passé, mais nous allons continuer en pensant qu'il y a peut-être des survivants", a indiqué à l'AFP Mutsunari Imawaka, un fonctionnaire de la province d'Okayama, la plus meurtrie avec celle de Hiroshima.
Le Premier ministre Shinzo Abe, qui a annulé une tournée dans quatre pays, dont la Belgique et la France, s'est rendu, mercredi 11 juillet, dans la province d'Okayama et prévoit une visite dans une autre région affectée vendredi.
Il n'a pas fait de déclaration, mais s'est brièvement entretenu en privé avec quelques habitants sinistrés. Des milliers sont hébergés dans des refuges publics, d'autres ayant été accueillis par des proches.
Les méthodes d’évaluation du danger en question
La hauteur d'eau dans les parties inondées du quartier de Mabi à Kurashiki (préfecture d'Okayama) a atteint par endroits 4,8 mètres, selon les évaluations faites par l'Autorité d'information géospatiale du Japon. Les météorologues ont constaté une pluviométrie record en 72 heures dans 118 points d'observation répartis dans une quinzaine de préfectures.
Que les habitants n'aient pas pu partir à temps soulève la question des méthodes d'évaluation du danger, a reconnu le gouvernement, fortement critiqué par l'opposition pour sa gestion de crise jugée tardive. La cellule de crise nationale présidée par le Premier ministre n'a été mise en place que dimanche matin alors que le bilan avait atteint au moins 30 morts samedi soir.
Près de 70 % du territoire nippon est constitué de montagnes et de collines. Beaucoup d'habitations sont construites sur des pentes abruptes ou des plaines inondables, bref des zones à risque. Sans compter que de nombreuses maisons japonaises sont en bois, notamment les habitations traditionnelles en zone rurale.
Mais les experts pointent aussi du doigt le système d'avertissement japonais, qui confie à des fonctionnaires locaux n'ayant aucune expérience de gestion des catastrophes la décision d'émettre ou non des ordres d'évacuation, lesquels ne sont en outre pas contraignants.
Les autorités locales ont aussi la hantise de dire aux gens de s'en aller pour rien. Du coup, "les réticences à émettre des ordres d'évacuation peuvent créer des retards (...) et si l'avertissement est donné à une heure nocturne, personne ne l'entend", s'inquiète Hirotada Hirose, un expert en gestion des catastrophes.
Avec AFP