Le président catalan Quim Torra est en visite en Écosse où il doit rencontrer la Première ministre Nicola Sturgeon. Indépendantistes catalans et écossais partagent de longue date des affinités, mais ce déplacement suscite aussi des critiques.
Pour la première fois, mercredi 11 juillet, la Première ministre écossaise Nicola Sturgeon rencontre le président catalan Quim Torra. Jusque-là, bien qu'indépendantistes catalans et écossais aient partagés de longue date des affinités politiques, la chef du gouvernement écossais avait gardé ses distances avec les séparatistes catalans.
C'est le relatif retour "à la normale, à un certain degré", de la situation en Catalogne, après la tentative de sécession d'octobre 2017, qui a rendu cette rencontre possible, souligne Michael Keating, professeur à l'université d'Aberdeen, cité par l'AFP.
À l’époque, Nicola Sturgeon avait exprimé sa préoccupation au moment où les forces de l'ordre espagnoles tentaient d'empêcher le déroulement du référendum sur l'indépendance de la Catalogne et chargeaient des manifestants, faisant au moins 92 blessés. Mais elle n’était pas allée plus loin, soucieuse ne pas parasiter les propres efforts des Écossais pour obtenir l'indépendance de la région septentrionale du Royaume-Uni, souligne Michael Keating.
Tous, cependant, n'approuvent pas la tenue de cette rencontre avec Quim Totta. Nicolas Sturgeon a été critiquée par des membres du parti conservateur écossais, qui ont évoqué d'anciens propos tenus contre les Espagnols par Quim Torra, et que ses détracteurs jugent "xénophobes". D'autres commentateurs ont aussi souligné une diplomatie à géométrie variable étant donné que Nicola Sturgeon reçoit le président indépendantiste catalan, mais refuse de rencontrer le président américain Donald Trump, qui se rend en Ecosse cette semaine.
Le message de Quim Torra sur Twitter qui annonce sa rencontre avec Clara Ponsati et Nicola Sturgeon
Camí d’Edimburg amb moltes ganes d’abraçar la @ClaraPonsati! També em reuniré amb @NicolaSturgeon per reforçar els vincles entre Catalunya i Escòcia. pic.twitter.com/TMVjoIAXQs
Quim Torra i Pla (@QuimTorraiPla) 10 juillet 2018Une rencontre avec l’ancienne dirigeante catalane Clara Ponsati
Avant cet entretien, Quim Torra va aussi rencontrer l'ancienne dirigeante catalane Clara Ponsati, qui vit en Écosse mais risque d'être extradée vers l'Espagne pour avoir pris part à la déclaration unilatérale d'indépendance de la Catalogne.
Comme d’autres leaders catalans, Clara Ponsati s’était exilée en Belgique le 30 octobre 2017, après la destitution de l’exécutif régional et la mise sous tutelle de la Catalogne décidées par Madrid après la déclaration unilatérale d’indépendance du 27 octobre. Elle s’est installée ensuite en Écosse où elle travaille pour l’université de Saint Andrews en tant que professeur d’économie. Accusée de "rébellion violente et détournement de fonds publics", elle risque 33 ans de prison en Espagne si elle est reconnue coupable, comme l’explique le journal Herald Scotland. Elle réfute les charges portées contre elle et "maintient qu’elle a pacifiquement fait la promotion du référendum".
Au total, 25 dirigeants séparatistes catalans sont inculpés pour leur rôle dans la tentative de sécession. Parmi eux, treize sont accusés de rébellion et risquent jusqu'à 25 ans de prison. Neuf de ces treize sont actuellement en détention provisoire tandis que quatre se sont enfuis à l'étranger comme Clara Ponsati et l'ancien président de la Catalogne Carles Puigdemont, qui attend lui aussi en Allemagne une décision de la justice sur la demande d'extradition de l'Espagne.
Un premier entretien cordial entre Sanchez et Torra
Cette visite en Écosse intervient également quelques jours après une première réunion au sommet entre le nouveau chef du gouvernement espagnol Pedro Sanchez et Quim Torra. Ils ont échangé lundi 9 juillet à Madrid pendant plus de deux heures dans une atmosphère qualifiée de cordiale.
Quim Torra a toutefois réitéré qu'il n'abandonnerait "aucune voie" vers l'indépendance. "Toute solution passe par le respect du droit à l'autodétermination de la Catalogne. Le gouvernement catalan ne renonce à aucune voie pour parvenir à l'indépendance de la Catalogne", sous-entendu y compris à la voie unilatérale, a-t-il insisté devant la presse au siège de la délégation de Catalogne à Madrid.
Malgré cette opposition frontale sur la question de l'autodétermination, Pedro Sanchez et Quim Torra ont décidé de remettre sur pied les commissions bilatérales entre le gouvernement central et l'exécutif régional portant notamment sur les questions de travail, de santé, d'environnement ou d'éducation. Des commissions que le précédent gouvernement conservateur de Mariano Rajoy avait abandonnées à son arrivée au pouvoir en 2011.
Autres signes de la reprise du dialogue, le gouvernement Sanchez compte lever le veto de Mariano Rajoy à des lois sociales prises par l'exécutif catalan, tandis qu'une deuxième réunion est prévue prochainement à Barcelone.
Avec AFP et Reuters