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"Mon amour chéri, mon sherpa", la passion de Claude Lanzmann et Simone de Beauvoir

Claude Lanzmann, décédé le 5 juillet à Paris, a vécu une longue histoire d’amour avec Simone de Beauvoir, tout en cultivant son amitié avec Jean-Paul Sartre.

Il est le seul homme avec qui Simone de Beauvoir a cohabité, entre 1952 et 1959. L’écrivain, journaliste, réalisateur Claude Lanzmann , décédé le 5 juillet à 92 ans, a vécu une histoire d’amour avec le "Castor", tout en cultivant son amitié avec Jean-Paul Sartre, compagnon de vie de l’intellectuelle. Le jeune journaliste des Temps Modernes, la revue fondée par Sartre, a 27 ans lorsqu’il devient, en 1952, l’amant de Simone de Beauvoir, qui a alors 44 ans.

Claude Lanzmann est revenu sur cette idylle dans ses Mémoires, Le lièvre de Patagonie, publié en 2009. "J’ai aimé aussitôt le voile de sa voix, ses yeux bleus, la pureté de son visage et plus encore celle de ses narines", écrit-il. De son côté, Simone de Beauvoir a affirmé dans ses Mémoires qu’il l’avait "délivrée" de son âge.

Leur histoire d’amour sera suivi d’une longue amitié jusqu’à la mort de Beauvoir, en 1986. Claude Lanzmann prendra ensuite la direction des Temps Modernes.

"Missiles d'amour fou"

Entre les deux intellectuels, une admiration réciproque. À sa sortie, Simone de Beauvoir avait ainsi qualifié Shoah de "pur chef-d’œuvre", dans Le Monde. "Ni fiction, ni documentaire, “Shoah” réussit cette recréation du passé avec une étonnante économie de moyens : des lieux, des voix, des visages. Le grand art de Claude Lanzmann est de faire parler les lieux, de les ressusciter à travers les voix et, par-delà les mots, d’exprimer l’indicible par des visages", écrivait-elle.

Les deux intellectuels ont également entretenu une correspondance passionnée. En janvier dernier, Claude Lanzmann avait vendu à l’université américaine de Yale les 112 lettres que lui avait adressées l’auteur du Deuxième sexe. Lanzmann n’a pu publier " ces missives d’amour fou" en France, en raison de l’opposition de Sylvie Le Bon de Beauvoir, fille adoptive et exécutrice testamentaire de l’écrivaine.

Mais il avait en avait dévoilé quelques extraits, dont celui-ci : "Mon amour chéri, mon sherpa, mon petit cheval noir, ma rose du monde, mon enfant à moi, que je t’aime, mon amour, et que tu es bête ! Oui, mon cœur, je t’aime à jamais, je mourrais sans toi, je suis à toi : ne le sais-tu pas ?"