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Les tatous aggravent la propagation de la lèpre au Brésil

Les tatous demeurent encore aujourd'hui un élément de l'alimentation de certains Brésiliens. Problème : ils peuvent être porteurs de la lèpre et la transmettre aux humains. Explications.

Chaque pays ou culture a ses habitudes alimentaires, aussi diverses, variées et parfois aberrantes soient elles. Au Brésil par exemple, certaines communautés ont l'habitude de se nourrir de tatous, ces petits animaux célèbres pour leur capacité à se rouler en boule lorsqu'un danger se présente. Mais c'est actuellement une très mauvaise habitude. 

Bien que la lèpre soit aujourd'hui presque inexistante en France (250 cas recensés par l'OMS en 2016), elle continue de persister dans d'autres régions du monde, notamment au Brésil. Et il semblerait que la maladie soit notamment transmise par les tatous, présents en nombre dans le pays. C'est en tout cas ce qu'affirme une étude, mise en ligne jeudi 28 sur le journal PLOS, réalisée par une équipe de chercheurs sous la direction de l'immunologue américain John Spencer

10 tatous sur 16 contaminés

En se penchant sur 16 spécimens de tatous à neuf bandes venant du Pará, un État du nord du Brésil, les scientifiques ont constaté que 62 % d'entre eux montraient des signes d'exposition à la bactérie causant la lèpre. Ils ont ensuite testé 146 personnes vivant au même endroit que les bêtes, et ont noté que 92 % d'entre elles avaient des anticorps contre la maladie, et donc avaient été exposées à cette dernière. Logique, puisque 65 % des personnes vivant dans cette région du Brésil consomment du tatou au moins une fois dans l'année, explique John Spencer dans l'étude. 

On sait depuis 2011 que les souches de lèpre sont similaires entre les humains et les tatous, et donc que les deux espèces peuvent se transmettre la maladie. Aux États-Unis, bien qu'un tatou sur cinq en soit porteur, seuls 200 cas sont recensés chaque année sur les humains, contre plus de 25 000 par an au Brésil. 

Un véritable cerle vicieux entre les humains et les tatous

En fait, les tatous ne font que rendre à l'homme cette maladie qu'il a lui même apportée sur le continent lors de la colonisation au XVIIIe siècle, précise National Geographic

Même si le gouvernement brésilien a interdit la chasse de subsistance des tatous, certaines régions restent obligées de s'en nourrir pour survivre car la chair de l'animal est riche en protéines. "C'est ancré dans la culture des gens, ils font cela depuis des générations", explique John Spencer. "Ils ne changeront pas d'attitude de sitôt."

Et pour ne rien arranger, puisque la bactérie ne s'exprime sous la forme de symptômes qu'après quelques années d'incubation, les personnes porteuses transmettent à leur tour la maladie à d'autres humains. Et ainsi de suite. "Avec cette étude, nous essayons d'alerter le gouvernement brésilien que des ressources sont nécessaires pour combattre ce problème", conclut le scientifique, avant de rappeler que la maladie peut être soignée si elle est détectée et traitée rapidement à l'aide d'antibiotiques. 

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