logo

Malgré des difficultés à exister, Benoît Hamon veut croire en l’avenir de Génération.s

Benoît Hamon fête ce week-end le premier anniversaire de son mouvement, Génération.s, avec une convention. Malgré une faible présence dans le débat public, l’ancien candidat PS à la présidentielle espère devenir le premier opposant à Emmanuel Macron.

Pas facile d’exister par soi-même quand on n’a récolté que 6 % des suffrages à l’élection présidentielle. C’est le cruel constat que fait sans doute Benoît Hamon au moment d’organiser, samedi 30 juin et dimanche 1er juillet à Grenoble, la première convention de Génération.s, son mouvement lancé il y a tout juste un an.

Après son double échec de 2017 – aux élections présidentielle et législatives – Benoît Hamon a fait le choix de quitter le Parti socialiste pour créer sa propre formation, certain que l’avenir de la gauche ne pouvait s’écrire qu’en relançant "un processus comparable à celui d’Épinay". La référence à la création, en 1971, du Parti socialiste version François Mitterrand est ambitieuse. Elle annonce également de longues années passées dans l’opposition.

Or, le chamboule-tout politique qu’a représenté l’élection présidentielle de 2017 a eu pour conséquence, jusqu’à présent, de mettre en sourdine l’opposition à Emmanuel Macron. Et Benoît Hamon, en accusant ce dernier de "racisme social" ou de mettre "en scène un leadership international virtuel", a beau occuper comme il le peut le terrain médiatique des matinales avec parfois de jolies formules, ses critiques s’apparentent le plus souvent à des coups d’épée dans l’eau.

Étonnant d'entendre @EmmanuelMacron sermonner un adolescent et lui conseiller d'apprendre à se nourrir avant de faire la révolution. Ce ne sont pourtant pas les panses repues qui engendrent la révolte. Il y a un côté Marie Antoinette chez ce président !

  Benoît Hamon (@benoithamon) 20 juin 2018

Mais pour Génération.s, l’essentiel est ailleurs. "On a tenu la feuille de route qu’on s’était donnée, à savoir travailler sur notre organisation et sur notre orientation. Peu pensaient qu’on tiendrait jusque-là et qu’on rencontrerait un tel succès en terme d’adhésions", souligne le député européen Guillaume Balas, ancien socialiste et aujourd’hui coordinateur de Génération.s, contacté par France 24.

"Éclosion" promise lors des élections européennes

Après un an d’existence, le parti créé par Benoît Hamon revendique environ 60 000 membres. L’adhésion est gratuite, mais "nécessite tout de même de remplir un long formulaire, ce n’est pas un simple clic", précise Guillaume Balas, qui évoque également près de 1 000 comités locaux répartis dans toute la France.

Des chiffres honorables qui témoignent d’une certaine popularité de Benoît Hamon mais qui ne suffisent pas pour exister politiquement. Car avec seulement un député à l’Assemblée nationale (Régis Juanico) et deux députés européens (Isabelle Thomas et Guillaume Balas), Génération.s est aujourd’hui un parti avec peu d’élus. En dehors de Benoît Hamon, lui-même sans aucun mandat, aucune personnalité connue des Français n’est pour l’instant capable d’incarner le mouvement. Et la situation n’est pas vraiment plus réjouissante côté finances puisque le parti, qui fonctionne grâce aux dons et aux cotisations de ses élus, doit vivre avec seulement quelques milliers d’euros par mois.

Sans poids lourds et sans argent, Benoît Hamon travaille donc dans l’ombre sur son projet avec en ligne de mire les élections européennes. "L’année des européennes sera celle de notre éclosion. Au milieu des passions tristes de la politique française nous voulons incarner une force positive, sereine, bienveillante et profondément démocratique", affirme l’ancien porte-parole du Parti socialiste dans un entretien à Ouest-France publié le 20 juin.

Mais là encore, son optimisme ne se traduit pas forcément par des avancées réelles. Benoît Hamon a appelé, au côté de l’ancien ministre des Finances grec Yanis Varoufakis et d’autres formations dans l’UE, à mettre sur pied des listes transnationales aux européennes. Problème : cette initiative, essentiellement lancée par de jeunes partis, a rencontré peu d’écho jusqu’ici.

Prendre le leadership à gauche

Le rassemblement des progressistes semble tout aussi compliqué en France. Alors qu’une alliance pour 2019 avec Europe Écologie-Les Verts (EELV) et le Parti communiste français (PCF) semblait être en bonne voie au printemps, les dirigeants d’EELV ont mis fin aux discussions et affirment désormais qu’ils présenteront leur propre liste.

Pour Guillaume Balas, ces élections européennes seront "un bon test" pour savoir où en est Génération.s. "La question sera de savoir si on est capable d’incarner une voix démocratique, humaniste, très axée sur la justice sociale, sur l’écologie, et profondément anti-identitaire", estime-t-il. L’enjeu sera surtout de prendre le leadership à gauche.

Le Parti socialiste semble à sa portée. Toujours pas remis de la présidentielle et hanté par un éventuel retour de François Hollande, son nouveau Premier secrétaire, Olivier Faure, peine à s’imposer et souffre d’un manque cruel de notoriété.

Quant à Jean-Luc Mélenchon, Benoît Hamon et ses lieutenants ont durci le ton à son encontre ces dernières semaines en tentant de renvoyer le leader de la France insoumise dos à dos avec Marine Le Pen. Benoît Hamon l’a accusé, dans un entretien à Libération,  de ne pas avoir la volonté de rassembler la gauche et d’avoir opté pour "une stratégie populiste". Guillaume Balas a, lui, souligné sur Twitter ses penchants souverainistes : "Dans le galimatias de Jean-Luc Mélenchon concernant l’Europe sur Inter : du vrai, du flou mais pas une proposition. Pourtant, un jugement sur tout le monde et un mot 'l’indépendantisme' dont on voit bien ce qu’il veut signifier au-delà de ce qu’il veut dire."

Dans le galimatias de Jean-Luc Mélenchon concernant l’Europe sur Inter: du vrai, du flou mais pas une proposition.
Pourtant, un jugement sur tout le monde et un mot « l’indépendantisme » dont on voit bien ce qu’il veut signifier au-delà de ce qu’il veut dire

  Guillaume Balas (@BalasGuillaume) 17 juin 2018

En renvoyant Jean-Luc Mélenchon au nationalisme de Marine Le Pen et Emmanuel Macron au "néo-libéralisme", Benoît Hamon entend se créer un espace politique qu’il croit être "très large". "Notre force politique a vocation à être la première opposante d’Emmanuel Macron en France", a-t-il assuré sur Franceinfo le 22 juin. En attendant de voir si cette affirmation en mode méthode Coué se réalise, la convention de Génération.s, ce week-end, sera l’occasion de finir de poser les fondations du mouvement.