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Évacuation des deux derniers grands campements de migrants à Paris

Les deux derniers grands campements insalubres de migrants à Paris ont été évacués par la police, lundi, au Canal Saint-Martin et à la Chapelle. Selon la préfecture, une quinzaine de bus ont été mobilisés et 1 200 places d'hébergement réservées.

"Je monte ou pas dans les bus ?" "Si je monte dans les bus, je vais être expulsé ?" De nombreuses questions fusent, de la part des migrants, hommes et femmes, qui sont évacués du camp de fortune du canal Saint-Martin. Il s'agit d'un des deux derniers grands campements parisiens évacués en ce lundi 4 juin par les forces de l'ordre, le second étant situé à porte de la Chapelle.

"Pour l'instant, tout se déroule dans le calme. La plupart des migrants avaient déjà préparé leurs valises, quand nous sommes arrivés à 6 h du matin", rapporte Charlotte Boitiaux, journaliste France 24 à InfoMigrants.

"On note ici une énorme anxiété. La plupart des personnes ici sont des "dublinés" : leur demande d'asile dépend d'un autre pays européen. La panique est tangible, les questions sont nombreuses".

L'association France Terre d'Asile est très sollicitée par des personnes qui hésitent sur la démarche à suivre. Originaires essentiellement d'Afghanistan, les migrants du canal Saint-Martin étaient installés sous des tentes depuis plusieurs mois, non loin de la place Stalingrad qui avait vu des campements sauvages se reconstituer à plusieurs reprises en 2017.

Évacuation camp Canal St Martin. Beaucoup de questions : « je monte ou pas dans les bus ? » « si je monte dans les bus, je vais être expulsé ? » #migrants #dublines pic.twitter.com/FKfAQDo0LR

  InfoMigrants Français (@InfoMigrants_fr) 4 juin 2018

Démantèlement camp Canal St Martin : FTDA est très demandée. « Je suis dubliné, j’ai peur », « je viens d’arriver, je fais quoi », « j’ai un rdv auj à la préfecture »... pic.twitter.com/xrMyL288qp

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Selon l'AFP, 550 personnes avaient été recensées dans le campement avant le week-end.

Évacuation porte de la Chapelle

Yahye, un Soudanais qui s'est vu refuser une demande d'asile, dormait au bord du canal depuis deux mois et attendait lundi matin les bus qui doivent l'amener "vers un campement, une maison, un stade", dit-il en français. Il ne sait pas exactement où, mais "ce sera mieux qu'ici", affirme-t-il.

Démantèlement canal St Martin : les femmes sont mises sur le côté. Les hommes patientent. La montée dans les bus se fait au compte goutte. pic.twitter.com/s1SfXKT1Cq

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Démantèlement canal St Martin. Un peu d’agitation avant la montée des bus. Gros déploiement des forces de l’ordre. pic.twitter.com/QlBcUuCGmb

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Une évacuation était également en cours près de la porte de la Chapelle, où quelque 450 personnes étaient installées, ont indiqué la préfecture d'Ile-de-France et la préfecture de police dans un communiqué commun. Les personnes mises à l'abri feront l'objet d'un "examen complet et approfondi" de leur situation administrative par les services de l'État, a précisé la préfecture dans son communiqué.

Didier Leschi, Ofii. « Au bout de six mois, les Dublinés peuvent déposer une demande d’asile en France » pic.twitter.com/44eGJ0ZKyf

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Cette opération, la 36e organisée dans la capitale depuis trois ans, intervient moins d'une semaine après l'évacuation du plus gros campement de Paris, celui dit du Millénaire, près de la porte de la Villette. Un millier de migrants avaient alors été acheminés dans des structures d'accueil, principalement des gymnases.

La situation sur ces campements suscitait depuis plusieurs semaines des inquiétudes croissantes, pour cause d'insalubrité et de tensions. En mai, un migrant était mort noyé dans le canal Saint-Martin et une violente rixe avait fait un blessé grave au Millénaire.

Depuis plusieurs semaines, la gestion des migrants à Paris était également au cœur d'une bataille politique entre l'exécutif et la maire PS de Paris Anne Hidalgo. Le gouvernement a plusieurs fois reproché à la municipalité de ne pas avoir pris la "responsabilité politique" de demander une évacuation. De son côté, la mairie a rejeté la responsabilité sur le gouvernement en l'appelant à respecter ses "obligations légales" dans l'accueil des réfugiés.

Ian Brossat, adj. maire de Paris sur les Dublinés : « Si la France ne les prend pas en charge, ils finiront par grossir les camps parisiens » pic.twitter.com/9Xf9ZMCgJW

  InfoMigrants Français (@InfoMigrants_fr) 4 juin 2018

Avec AFP et InfoMigrants 

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